Alors des premiers convois de camions transportant l'aide humanitaire partaient du Caire vers Gaza, des dirigeants politiques du monde se sont rencontrés ce samedi dans la capitale égyptienne pour plaider en faveur de la paix entre israéliens et palestiniens.
"Il faut agir maintenant pour mettre fin au cauchemar", a lancé le patron de l'ONU, Antonio Guterres, dès l'ouverture du sommet pour un retour de la paix entre Israël et la Palestine après deux semaines de combat et des milliers de pertes en vie humaines dans les deux camps.
La bande de Gaza, désormais sous "siège complet" d'Israël, a "besoin d'un acheminement massif d'aide", a ajouté le secrétaire général des Nations Unies.
Antonio Guterres a lancé ce plaidoyer devant les chefs d'État d'Égypte, de Jordanie, de l'Autorité palestinien, notamment, ainsi qu'un parterre de chefs de diplomatie arabes et européens, les patrons de la Ligue arabe, de l'Union africaine et de l'Union européenne.
La Russie, la Chine, le Japon, le Canada et les Etats-Unis étaient également représentés.
Abdallah II de Jordanie a réclamé "un cessez-le-feu immédiat", tandis que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a affirmé que "l'unique solution à la question palestinienne est la justice", soulignant le "droit" des Palestiniens "à établir leur Etat".
Pedro Sanchez, le chef de gouvernement espagnol, a de son côté exhorté la communauté internationale à "ne pas laisser le conflit devenir une crise régionale".
"On ne peut pas repousser une solution", a-t-il martelé.
Guterres est revenu sur "le contexte plus large", évoquant "56 ans d'occupation sans fin en vue". "Mais rien ne peut justifier l'attaque condamnable du Hamas" qui doit, a-t-il poursuivi, "libérer immédiatement et sans condition" les quelque 200 otages qu'il a enlevés en Israël.
Il faut, a ajouté le président de l'Autorité palestienne Mahmoud Abbas, "la fin de l'occupation des Territoires palestiniens par Israël et la solution à deux États" israélien et palestinien, avec, pour les Palestiniens, Jérusalem-Est actuellement occupée et annexée par Israël comme "capitale".
Le président américain Joe Biden, qui ne participe pas à ce sommet, tout comme Israël, avait indiqué lors d'une visite-éclair mercredi à Tel Aviv, que la guerre entre Israël et le Hamas renforçait sa "détermination" pour une solution à deux États.
"Nous ne partirons pas", a répété trois fois M. Abbas alors que depuis des jours Le Caire et Amman sont vent debout contre l'ordre israélien d'évacuer les Palestiniens du nord de la bande de Gaza vers le sud frontalier de l'Égypte.
Ils y voient un premier pas vers "un déplacement forcé" des Palestiniens vers le Sinaï égyptien qui équivaudrait selon M. Abbas à "une deuxième Nakba" (la catastrophe en arabe), en référence à l'expulsion d'environ 760.000 Palestiniens à la création d'Israël en 1948.
"Le monde est silencieux", s'est insurgé Abdallah II et "c'est un message très dangereux" : "le monde arabe l'entend clairement : les vies palestiniennes valent moins que les vies israéliennes. Nos vies valent moins que d'autres vies (...) les droits humains ont des limites: ils s'arrêtent aux frontières, aux races et aux religions".
Le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a, de son côté, dénoncé "une aide militaire inconditionnelle à Israël qui ne sert qu'à maintenir l'occupation" des Territoires palestiniens.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal bin Farhan a, lui, dénoncé le rejet par le Conseil de sécurité de l'ONU de deux résolutions appelant à l'arrêt des hostilités.
L'Égypte, à l'initiative de ce sommet, se veut en première ligne diplomatique sur le dossier israélo-palestinien.
Premier pays arabe à avoir signé la paix avec Israël en 1979, l'Égypte est un médiateur traditionnel entre Israël et les Palestiniens, notamment le Hamas, et contrôle le point de passage de Rafah, unique ouverture sur le monde de Gaza qui ne soit pas aux mains d'Israël.
Et c'est d'ailleurs par ce passage que 20 premiers camions transportant de l'aide humanitaire venu de nombreux pays du monde sont arrivés à Gaza.
Pour l'ONU, il faudrait au moins 100 camions par jour pour les 2,4 millions de Gazaouis privés de tout.