Par Fırmaın Erıc Mbadınga
"Pour la toute première fois, le PAM a vu ses contributions diminuer alors que les besoins augmentaient régulièrement", a déclaré l'agence qui révèle qu'en raison d'une baisse des contributions de nombreuses agences onusiennes, une contrainte budgétaire s'impose au programme. Ce déficit aura donc de nombreuses conséquences dans le monde, y compris en Afrique.
Pour Djaouns Mandjıagar, Conseiller régional du PAM chargé de communication et plaidoyer, porte-parole pour l'Afrique de l'Ouest et Centrale, cette carence de financement peut aisément se comprendre.
“Afin de mieux comprendre le problème du sous-financement que connait le PAM en ce moment, il faut prendre en considération le contexte économique mondial global. Depuis la pandémie de COVID-19, de nombreux gouvernements de par le monde connaissent eux-mêmes une crise économique à la fois exogènes et endogènes. Et conséquence logique ; certains de nos bailleurs de fonds n'ont pas été en mesure, ces derniers temps du moins, d'apporter l'appui nécessaire qui a souvent servi notre cause.'' explique le porte-parole pour l'Afrique de l'Ouest et Centrale du PAM à TRTAfrika.
Le communiqué publié ce mardi par la responsable de l'organisation, Cindy McCain, a souligné ''le besoin urgent de financement supplémentaire au risque de voir 24 millions de personnes s'ajouter aux 40 millions de qui sont déjà considérées comme étant en situation d'urgence alimentaire par le Programme Alimentaire Mondial.
''Cette situation globale s'explique par le fait que les besoins sont en constante augmentation tandis que les ressources pour y répondre s'amenuisent de jour en jour '', ajoute Djaouns Mandjıagar.
''Au niveau de l'Afrique de l'Ouest, les implications se traduisent par le fait que nous avons un certain nombre d'opérations directement affectées. Si nous prenons le cas du Burkina Faso par exemple, le PAM a été obligé, depuis plusieurs mois maintenant, depuis fin 2021, de réduire l'assistance en aide alimentaire en fractionnant de moitié, les ressources pour au moins 800,000 personnes'' détaille Djaouns Mandjıagar.
Et dans cette forme de réajustement de l'aide alimentaire en Afrique, le Burkina Faso n'est pas un cas isolé. Pour le cas de la République Centrafricaine, le Programme Alimentaire Mondial a dû réduire la ration alimentaire destinée aux personnes déplacées et aux personnes affectées par l'insécurité alimentaire de 25 pour cent des vivres que ces personnes devaient recevoir.
Sur la liste des pays dont les populations d'origines ou déplacées ont vu ces portions d'aide alimentaire se réduire, il y a aussi le Tchad.
''Le Tchad reçoit un nombre très élevé de réfugiés soudanais, un nombre massif depuis avril dernier. Ces personnes s'ajoutent à un nombre important d'anciens déplacés, et face à cette augmentation exponentielle des besoins, le programme n'a malheureusement pas de ressource ''déplore le conseiller régional du PAM chargé de la communication pour l'Afrique de l'Ouest et Centrale.
Dans ces centres de distribution de l'aide alimentaire fournie par le PAM, le vocabulaire a donc connu un changement. On ne parle plus de ration alimentaire, mais plutôt de ''demi-ration''.
''Face à cette situation de hausse de flux de réfugiés et personnes affectées par l'insécurité alimentaire identifiées également au Mali, au Niger, le PAM continue de fournir des demies-rations depuis 2021, faute de ce manque de ressources'' explique-t-il d'une voix empreinte d'émotion.
Face à cette situation où la demande semble plus grande que l'offre, le bureau d’Afrique de l'Ouest et du Centre du PAM plaide pour une plus grande générosité, marquée par une grande sensibilité et une bonne volonté des donateurs, qu’ils soient d’origine étatique ou privée.