Par Kudra Maliro
Le Burundi a annoncé qu'il fermait indéfiniment sa frontière avec le Rwanda, à compter du jeudi 11 janvier.
Le Burundi accuse son voisin de tolérer l'insécurité, notamment dans l'est de la République démocratique du Congo.
"Le gouvernement du Rwanda a appris par les médias la décision unilatérale du gouvernement du Burundi de fermer à nouveau ses frontières avec le Rwanda", a déclaré à TRT Afrika, Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement Rwandais.
Mme Makolo note que "cette décision malheureuse restreindra la libre circulation des personnes et des biens entre les deux pays" et "viole les principes de coopération et d'intégration régionales de la Communauté de l'Afrique de l'Est".
Il y a deux semaines, le Burundi a accusé le Rwanda de soutenir les rebelles qui ont mené des attaques sur son territoire, ce que le Rwanda a démenti.
Jeudi, le ministre de l'intérieur du Burundi, Martin Niteretse, a confirmé que la frontière avait été fermée après que des voyageurs eurent été empêchés de quitter ou d'entrer au Burundi dans la partie du nord du pays.
TRT Afrika a pu parler avec quelques commerçants qui fréquentent de ces deux pays et affirment que cette fermeture pourra jouer sur l’économie.
"J’aimerais bien notre gouvernement (Burundi) tienne des pourparlers directs avec le Rwanda pour en finir avec ce conflit et qu’on ouvre la frontière car nous dépendons du business entre ces deux pays", a déclaré un habitat de Bujumbura qui a souhaité rester anonyme.
Dominique Mathe qui tient une boutique de pagnes à Butembo souhaite que les produits commerciaux soient exemptés de la mesure du gouvernement burundais.
"Mes pagnes restent bloqués à Bujumbura. Je ne peux pas les acheminer par Bukavu, car la route est délabrée. Nous risquons de beaucoup perdre pendant cette période. Nous savons qu'avec un seul mot d'ordre tout ce conflit peut finir. Pour nous ce qui compte c'est la paix dans notre région", lance t-elle.
Le Rwanda est limitrophe du Burundi au nord. Les deux pays ont une frontière de 315 kilomètres.
M. Niteretse s'est exprimé après avoir rencontré des responsables de la sécurité dans la province septentrionale de Kayanza.
Le RED-Tabara, accusé d'avoir perpétré l'attaque meurtrière du 22 décembre 2023 au Burundi, est un groupe rebelle basé dans l'est de la République démocratique du Congo, qui lutte contre le gouvernement burundais depuis 2015. La récente attaque a tué 20 personnes, dont des femmes et des enfants.
Les relations entre le Rwanda et le Burundi se sont détériorées depuis 2015 dans la foulée d'une crise politique et sécuritaire née de la contestation du 3ème mandat de l’ancien président burundais, Pierre Nkurunziza.
Gitega accuse Kigali d’héberger et d'entraîner militairement ses opposants qui y ont trouvé refuge.
De son côté, le Rwanda accuse le Burundi de collaborer avec les rebelles du mouvement FDLR, Forces démocratiques pour la libération du Rwanda, accusés d’avoir perpétré un génocide contre les tutsis (ethnie minoritaire) en 1994 au Rwanda.