Glencore est devenu un acteur majeur de la prédation en Afrique. Le siège social à Baar du négociant, près de Zurich, le 6 février 2012 / Photo: Reuters

Deux multinationales suisses de négoce, Glencore et Trafigura notamment, sont au centre de l’endettement démesuré du Congo qui menace la stabilité économique de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale).

La situation est d’autant plus préoccupante qu’un sommet extraordinaire de la CEMAC s’est tenu le 17 décembre 2024 à Yaoundé pour éviter que l’Afrique centrale ne sombre dans une grave crise économique. D'après les informations de la BEAC (Banque des Etats de l’Afrique centrale), les réserves de change de la CEMAC sont passées à 2,1 mois d’importation.

Si cette tendance se poursuit, il y a un risque de crise de d'illiquidité (insuffisance de liquidités pour faire face à ses engagements financiers de court terme) et plus tard de cessation de paiement (incapacité d’honorer ses engagements financiers à plus long terme, cas de la dette extérieure).

Les six pays de la sous-région (République centrafricaine, Congo, Gabon, Tchad. Cameroun et Guinée Equatoriale) centralisent leurs devises dans un compte commun.

La mauvaise gestion des devises par un pays est à même d’impacter l'édifice communautaire. Tel est le cas actuellement, avec la gestion des devises du Congo.

La détérioration de la santé financière de la sous-région risque ainsi de se manifester par une crise d’illiquidité (insuffisance de liquidités pour faire face à ses engagements financiers de court terme) ou par un défaut souverain (incapacité d’honorer ses engagements financiers à plus long terme, cas de la dette extérieure).

L’emprise des traders

Les multinationales suisses de négoce Glencore et Trafigura notamment sont au centre de cet endettement excessif qui menace les fondements de l'économie sous-régionale.

En crise de liquidité, le Congo a eu recours à Trafigura et Glencore notamment, pour lever des fonds en mettant en gage une partie de sa production pétrolière.

En septembre 2019, le montant des créances cumulées par ces deux négociants s'élevait à 732 millions de dollars pour Glencore, en plus des 538 millions de dollars d'arriérés, d'après un rapport du FMI.

La dette de la SNPC (Societe Nationale de pétrole du Congo) due à Trafigura était estimée à 966 millions de dollars et 965 millions de dollars d'arriérés. Tout compte fait, souligne la Banque Mondiale, la dette congolaise due aux traders représentait 18 % du PIB. Un accord a finalement été trouvé en 2021 entre Brazzaville et les traders suisses.

À l’observation, il y a comme une stratégie sous-jacente de prédation des richesses du Congo par ces traders qui profitent de la mal gouvernance et de l’incurie des dirigeants.

Du fait de la mutualisation de la gestion des devises par les États d’Afrique centrale, la situation au Congo ébranle déjà les États de la CEMAC. D'où l’appel du sommet extraordinaire de Yaoundé à un “sursaut collectif” au risque de sombrer dans une crise économique et financière.

TRT Afrika et agences