Le secrétaire général adjoint des Nations unies en charge de la protection des civils et des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, a réitéré, mercredi en République démocratique du Congo (RDC), la nécessité d’un départ des Casques bleus sans laisser de vide sécuritaire préjudiciable pour les civils dans la partie orientale du pays, foyer des violences.
Jean-Pierre Lacroix venait d’achever une visite de cinq jours en RDC, qui l’a conduit dans l’Est du pays avant une série de rencontres avec les autorités congolaises à Kinshasa.
"En Ituri mais aussi dans d’autres provinces où nous sommes présents, il y a des centaines de milliers de personnes qui sont protégées aujourd’hui quasi exclusivement et souvent exclusivement par la présence de la Monusco (Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo)", a-t-il fait observer lors d’une conférence de presse à Kinshasa.
"Et si elle (Monusco, ndlr) partait demain, ces civils seraient en très grave danger d’être massacrés. Les populations que nous rencontrons dans les camps, dans les sites de déplacés nous disent : restez, surtout ne partez pas", a-t-il ajouté.
Le chef des opérations de maintien de la paix de l’Onu a indiqué qu’il faudrait "une montée en puissance des services de l’Etat congolais, de la protection de l’Etat aux populations alors que nous partirions de manière graduelle".
La nouvelle mission prioritaire de l’Onu dans le pays est de "travailler avec les autorités pour que le soutien mutuel se poursuive mais aussi pour favoriser la montée en puissance de l’Etat congolais pour s’assurer qu’en aucun moment il n’y ait un vide dans la protection assurée à ces populations", a déclaré Lacroix, en réponse à une question d’Anadolu.
Entre fin 2022 jusqu’à fin mai 2023, un million de personnes ont été déplacées et 518 civils ont été tués dans des attaques des groupes armés perpétrées dans deux territoires de la province de l’Ituri (nord-est), selon l’Onu.
Plusieurs positions de l’armée ont été dégarnies des troupes. Les Nations unies ont noté que les autorités congolaises ont créé un vide sécuritaire en Ituri pour se concentrer sur les opérations dans la province voisine du Nord-Kivu contre les rebelles du M23 (mouvement du 23 mars), une rébellion accusée d’être portée par le Rwanda.
Le président congolais Félix Tshisekedi avait estimé qu’après les élections prévues en fin d’année, il n’y aura plus de raison de maintenir les Casques bleus des Nations unies dans le pays après plus de 20 ans de mission.
Les soldats de l’Onu sont régulièrement accusés par la population de l’Est d’inefficacité dans la lutte contre les groupes armés. Le pays compte une centaine de groupes armés y compris des rebelles étrangers, selon des chercheurs et l’Onu.
Le Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRS) en RDC en a dénombré plus de 200.
La Monusco compte plus de 12 000 Casques bleus sur le territoire de la RDC avec un budget annuel d’environ 1 milliard de dollars.