Rigathi Gachagua 59 ans, a été destitué jeudi à l'issue d'une procédure inédite, point culminant de plusieurs mois de conflit avec le président William Ruto. Une décision de justice a suspendu vendredi la nomination de son remplaçant.
"Je suis choqué de voir à quel point un homme que j'ai aidé à devenir président, en qui je croyais et qui a été persécuté alors que je le soutenais, puisse être aussi cruel envers moi", a-t-il déclaré à des journalistes.
Les moyens alloués à sa sécurité ont été levés et le personnel à son service a été mis en congé, a-t-il dit.
"Si quoique ce soit arrive à moi ou à ma famille, le président William Ruto doit être tenu responsable", a-t-il mis en garde, disant avoir dans le passé été la cible de tentatives d'assassinat.
Il s'exprimait après avoir quitté un hôpital de la capitale Nairobi, où il était soigné pour de graves douleurs thoraciques. Rigathi Gachagua est tombé malade jeudi, à peine une heure avant de témoigner devant le Sénat dans le cadre de la procédure de destitution.
Près d'une semaine après l'adoption, par une écrasante majorité, de la motion de destitution par l'Assemblée nationale, le Sénat l'a jugé jeudi coupable de "violation grave" de la Constitution, notamment de menaces envers les juges et de pratiques politiques de division ethnique.
Mais la Haute cour kényane, saisie par ses avocats jugeant sa destitution anticonstitutionnelle et précipitée, a suspendu vendredi le remplacement de Rigathi Gachagua par le ministre de l'Intérieur Kithure Kindiki. Les juges doivent examiner l'affaire mardi.
"En violation totale de l'ordonnance de justice, le président a ordonné de manière vicieuse le retrait de la sécurité autour de moi", a dénoncé Gachagua, de fait toujours vice-président.
"Je ne comprends pas ce niveau de méchanceté envers un homme qui a été son vice-président", a-t-il encore dit.
William Ruto est resté silencieux sur l'affaire qui a mené à la destitution de Rigathi Gachagua.
Les relations entre les deux hommes se sont détériorées notamment depuis le mouvement de contestation antigouvernementale qui a secoué le pays en juin et juillet.
Les détracteurs du vice-président l'accusent de ne pas avoir soutenu le chef de l'État face aux manifestations qui demandaient sa démission.