Deux jours après l’explosion du dépôt d'hydrocarbures dans la capitale guinéenne, Conakry, c'est toujours la désolation et l'incompréhension.
Certains riverains sont partagés : Faut-il quitter cette zone, comme l'ont ordonné les autorités, ou faut-il rester et tenter de sauver ce qui reste de leurs biens?!
"Ma maison est complètement détruite, jusqu’à présent nous n’arrivons pas à comprendre ce qu'il s’est réellement passé", gémit une habitante du quartier de Coronthie, assise sur les décombres de sa maison.
"C’est Dieu qui m’a sauvé, je n’ai rien eu de grave mais mon fils de 6 ans lui, n’a pas eu cette chance. Il a reçu un objet sur la tête et est hospitalisé à l’hôpital militaire", raconte de son côté Foulématou yansané, une mère de famille, à TRT Afrika.
Choc et désaroi
"Depuis que cet événement s’est passé, je suis passé dans toutes les familles pour transmettre le message des autorités de la transition. Je demande à toute la population de garder leur sérénité" dit le premier responsable de ce quartier.
Momo Soumah se dit néanmoins inquiet quant à la suite des événements car beaucoup dorment encore à la belle étoile.
L'explosion est survenue dans la nuit du dimanche à lundi, aux environs de 00H00 (locales et GMT) dans le principal dépôt d'hydrocarbures de la société guinéenne de pétrole (publique) à Kaloum, le centre administratif de Conakry.
Dans la panique certains citoyens du centre-ville ont quitté leurs domiciles pour se réfugier en haute banlieue de la capitale.
Un autre groupe s’est réfugié dans l’enceinte de la Grande mosquée Fayçal de Conakry non loin de Kaloum.
"C’est maintenant que je reviens chez moi pour constater les dégâts. Depuis que c’est arrivé, ma famille est en haute banlieue. Pour éviter un autre drame j’ai demandé à l'Electricité de Guinée (société nationale) d’isoler notre bâtiment", relate Oumar Yansané qui en appelle à l'aide des autorités.
Le nombre de décès est passé de 13 à 14 personnes, de nationalité guinéenne et étrangère. 190 blessés ont été pris en charge par les secours et dans les hôpitaux de Conakry, dont 113 ont ensuite rejoint leurs familles, a assuré le gouvernement dans un communiqué lu lundi soir à la télévision nationale.
Le souffle de l'explosion a provoqué d'importants dégâts matériels qui sont en cours d'évaluation par une commission d'enquête, poursuit le communiqué.
Le bilan reste provisoire, et selon un syndicat d’african Petroleum Terminal, certains travailleurs qui étaient dans l’enceinte du dépôt sont toujours introuvables.
L’accès au centre-ville est toujours bloqué aux populations. La zone portuaire a été bouclée par les forces de sécurité qui ont érigé des barrages filtrants sur plusieurs kilomètres. Les autorités expliquent que c’est pour faciliter la maîtrise complète du feu qui est déjà circonscrit.
Les stations-services sont provisoirement fermées sur l 'ensemble du territoire national pour éviter la spéculation, et un point d'évacuation de la population riveraine a été établi au Palais du peuple, siège du Parlement, a indiqué le gouvernement.
Solidarité
Une chaîne de solidarité à l’interne s’est déjà mise en place en faveur des sinistrés qui sont regroupés dans l’enceinte de la Grande mosquée de Conakry située à l'entrée de la commune de kaloum.
Le Sénégal et le Mali ont également dépêché des équipes de médecins et sapeurs-pompiers pour aider à maitrîser l'incendie. L'Union européenne et les Etats-Unis ont exprimé leur solidarité.
Le gouvernement a annoncé la fermeture des écoles et demandé aux travailleurs des secteurs public et privé de rester chez eux dans le grand Conakry, comprenant la capitale et ses environs.
Une cellule de crise coordonnée par le ministre de la Sécurité, Bachir Diallo, a été mise en place, et un plan d'urgence sanitaire a été activé pour la prise en charge des blessés, a indiqué le ministère de l'Information. Un numéro d'appel d'urgence a aussi été mis en service.