Le procès à Bruxelles de deux anciens responsables rwandais jugés pour "crimes de guerre" et "crime de génocide" commis en 1994 a été suspendu lundi au bout de quelques heures, en raison de l'absence d'un des deux accusés qui va devoir être examiné par un médecin.
Il s'agit de Pierre Basabosé, 76 ans, un des financiers présumés des miliciens Interahamwe (extrémistes hutu) à Kigali, hospitalisé depuis trois jours dans la capitale belge.
La présidente de la cour d'assises a annoncé en début d'après-midi avoir ordonné un examen médical pour voir s'il est capable d'assister à son procès.
Elle a demandé que l'examen soit réalisé dans les 48 heures, et a décidé de suspendre le procès jusqu'à mercredi à 14H00 (12H00 GMT).
La santé de l'accusé séptuagénaire a été au coeur des premières heures de débats lundi.
Son avocat Jean Flamme estime depuis plusieurs mois que le "syndrome démentiel" dont il souffre ne lui permet pas de participer à son procès.
Il avait été débouté sur ce point en juin. Mais lundi la cour a accepté sa demande qu'une nouvelle expertise psychiatrique soit pratiquée. Une requête qui était soutenue par certaines parties civiles.
Il s'agit du sixième procès d'assises en Belgique lié au génocide des Tutsi perpétré au Rwanda il y a près de trente ans.
L'audience, qui doit durer deux mois, concerne deux personnalités proches de l'ex-couple présidentiel Habyarimana: Pierre Basabosé et Séraphin Twahirwa, 65 ans.
Tous deux avaient trouvé refuge en Belgique, l'ancienne puissance coloniale du Rwanda où vit une importante communauté rwandaise. Ils y ont été arrêtés en septembre 2020.
Ciblés par des mandats d'arrêt émis au Rwanda, ils étaient également dans le collimateur du parquet belge, alerté par les services de l'immigration sur leur profil suspect.
Séraphin Twahirwa est accusé d'avoir dirigé à Kigali une milice d'Interahamwe à l'origine de dizaines de meurtres entre avril et juillet 1994.
Il se voit aussi reprocher une douzaine de viols commis sur des femmes tutsi.