Selon la radio onusienne "Okapi", les rebelles du M23 ont franchi, mercredi soir, la ligne de défense des forces congolaises à Ihusi, située dans le territoire de Kalehe et continuent d'avancer vers la localité de Katana, située dans le territoire de Kabare, toujours dans la province du Sud-Kivu
Les affrontements entre les rebelles du M23 et les forces congolaises ont également repris mardi sur le front de Lubero, dans la province orientale du Nord-Kivu, après un bombardement rebelle contre les forces de l'armée congolaise.
Auparavant, le M23 avait déclaré un cessez-le-feu unilatéral, pour des raisons humanitaires, après des combats avec l'armée congolaise qui se sont soldés par la prise de contrôle de la ville de Goma, principale agglomération de l'est du pays, fin janvier dernier.
Malgré ce cessez-le-feu unilatéral, les rebelles du M23 ont pris la ville de Nyabibwe la semaine dernière.
Efforts diplomatiques des blocs régionaux
Cette dernière escalade survient alors que le gouvernement congolais avait appelé à une réunion urgente des chefs de la défense des États membres de la Communauté de l’Afrique de l’est (EAC) et de la Communauté de Développement de l’Afrique australe (Sadc).
Les dirigeants de l'EAC et de la Sadc, réunis lors d'un sommet conjoint extraordinaire, samedi dernier à Arusha, en Tanzanie, ont ordonné aux responsables militaires des deux blocs de se réunir dans un délais de cinq jours pour aider à "l'application immédiate et inconditionnelle d'un cessez-le-feu et d'une cessation des hostilités".
Réaffirmant son engagement de respecter les résolutions du sommet conjoint, Kinshasa a exhorté les blocs régionaux à convoquer une réunion d'urgence pour évaluer la situation et répondre à "ce nouvel acte d'agression".
Condamnant la "violation" du cessez-le-feu par le Rwanda et "leurs auxiliaires du M23", la RDC a demandé une "condamnation ferme et unanime" ainsi que des sanctions de l'EAC et de la Sadc contre le Rwanda.
Les rebelles du M23 revendiquent désormais le contrôle de Goma et ont déclaré leur propre administration dans la ville.
De plus en plus de personnes déplacées
Depuis le 26 janvier, plus de 3 000 personnes ont été tuées, 2 880 blessées et plus de 500 000 déplacées, qui s'ajoutent aux 6,4 millions de personnes déjà déplacées à l'intérieur du pays, selon l'ONU.
Au moins 20 Casques bleus, dont 14 Sud-Africains, ont été tués lors des affrontements entre les rebelles du M23 et les forces congolaises.
Pour rappel, le Mouvement du 23 Mars a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Fardc, appuyées par les Casques bleus de la Monusco.
Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe ‘’terroriste’’ et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise.
Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.