Elections en RDC : quels sont les enjeux des élections au Congo pour les investisseurs? Photo : Reuters

Une victoire du président Félix Tshisekedi signifierait probablement la poursuite de son objectif d'attirer davantage d'investissements étrangers et de renégocier les contrats afin d'améliorer les conditions pour le Congo.

Les adversaires de Tshisekedi dont l'homme d'affaires Moise Katumbi et l'ancien cadre du secteur pétrolier américain Exxon Mobil, Martin Fayulu, ne sont pas néophytes du monde des affaires. Leurs expériences dans ce domaine, les aideront, selon eux, à assainir les industries extractives du Congo, "gangrenées par la corruption", s'ils remportent la victoire.

Mines et Minerais

Le Congo est le premier producteur mondial de cobalt, un composant clé des batteries des voitures électriques et des téléphones portables. Il est également le troisième producteur mondial de cuivre et possède d'importants gisements de lithium, d'étain, de tungstène, de tantale et d'or.

Le secteur minier congolais, en particulier ses mines de cuivre et de cobalt, est aujourd'hui largement dominé par les entreprises chinoises, mais M. Tshisekedi a tenté de séduire d'autres investisseurs étrangers et de renégocier les accords existants afin d'améliorer la participation du Congo dans les grands projets.

"Une victoire de Tshisekedi offrirait une certaine continuité politique aux investisseurs dans le secteur minier, bien qu'elle soit de nature nationaliste", a déclaré à Reuters Aleix Montana, analyste de l'Afrique à la société de renseignement sur les risques Verisk Maplecroft.

Des sites minieres en RDC/Reuters

Quel que soit le vainqueur, il devra prendre la tête des négociations en cours avec la Chine, notamment sur les nouvelles conditions de la joint-venture Sicomines, qui fait partie d'un accord de 6 milliards de dollars conclu en 2008 pour l'achat de métaux et d'infrastructures.

"Tshisekedi, dans un nouveau mandat, aurait une position de négociation plus solide", a déclaré à Reuters Indigo Ellis, directeur général de la société de conseil Africa Matters Ltd (AML).

Sur instruction de Tshisekedi, le société nationale Gecamines a également déclaré qu'il prévoyait de renégocier certaines clauses de ses contrats de coentreprise avec des partenaires tels que Glencore et des investisseurs chinois, dans le but d'acheter du cuivre et du cobalt proportionnellement à ses participations.

Pétrole et Gaz

Récemment, le gouvernement congolais a tenté de développer les réserves de combustibles fossiles largement inexploitées du Congo en mettant aux enchères les droits sur 30 blocs de pétrole et de gaz, dont beaucoup se trouvent dans des zones écologiquement sensibles.

La vente a été officiellement lancée en juillet 2022, mais les enchères ont été marquées par des retards, seul le cycle d'attribution des licences pour les trois blocs de gaz ayant été achevé à ce jour, en l'absence notable d'acteurs étrangers majeurs.

Le pétrole brut qui sera extrait du Graben Albertine en RDC pourrait être acheminé par l'oléoduc. /Photo : TRT Afrika

Le gouvernement affirme que le Congo possède 22 milliards de barils de réserves de brut et vise une production de 200 000 barils par jour, ce qui ferait du Congo l'un des plus grands producteurs de pétrole d'Afrique. Le calendrier de développement des blocs n'est pas encore clair.

Des Affaires risquées

M. Tshisekedi est arrivé au pouvoir en promettant d'éradiquer la corruption endémique. De nombreux investisseurs occidentaux ont continué à se tenir à l'écart, mais les analystes estiment que cela pourrait changer dans les années à venir, car les pouvoirs mondiaux cherchent à accéder aux minerais nécessaires à la transition vers l'énergie propre.

"La course (...) oblige les mineurs occidentaux à réévaluer leur appétit pour le risque", a déclaré Montana de Verisk Maplecroft, qui classe le Congo au septième rang mondial dans son indice qui évalue le risque de voir les gouvernements s'emparer davantage des revenus du secteur extractif.

Néanmoins, de nombreux investisseurs observent attentivement le déroulement et l'issue du prochain scrutin. Les dernières élections de 2018 ont été le premier transfert de pouvoir par les urnes après des décennies marquées par des coups d'État et des conflits.

"Il est logique pour eux (les investisseurs) d'attendre et de voir ce qui se passe", a estimé M. Ellis d'AML.

TRT Afrika et agences