"Le colonel (Victor) Tchongo est entre nos mains. La situation est totalement sous contrôle", a dit le capitaine Jorgito Biague, un porte-parole de l'état-major militaire de ce pays d'Afrique de l'Ouest politiquement instable.
Une photo censée le montrer entre les mains de l'armée a été envoyée à des journalistes.
M. Biague a indiqué par ailleurs que deux membres du gouvernement que les éléments de la Garde nationale sont soupçonnés d'avoir soustrait à la police alors qu'ils étaient en cours d'interrogatoire avaient été récupérés sains et saufs.
Une nuit de combats
Des tirs, nourris par intermittence, ont retenti une partie de la nuit et vendredi matin dans la capitale Bissau entre les éléments de la Garde nationale d'une part et les forces spéciales de la Garde présidentielle de l'autre, après l'extraction des deux membres du gouvernement des mains de la police, selon des sources concordantes.
Les coups de feu ont commencé jeudi soir aux alentours d'une garnison du quartier de Santa Luzia.
Des membres de la Garde nationale s'y étaient retranchés après avoir libéré le ministre de l'Économie et des Finances, Souleiman Seidi, et le secrétaire d'Etat au Trésor public, Antonio Monteiro, selon des responsables de l'armée et du renseignement de ce pays coutumier des crises.
Tous les accès aux quartiers sud de la ville ont été bloqués par des forces de sécurité.
Des habitants ont dit fuir le sud de la ville pour le nord après une nuit de peur.
Origine du différend
Le ministre de l'Économie et le secrétaire d'Etat au Trésor public avaient été convoqués jeudi matin par la justice, puis placés en garde à vue.
Ils ont été interrogés pendant plusieurs heures par la police judiciaire à propos du retrait de dix millions de dollars des caisses de l'Etat.
M. Seidi, questionné lundi sur ce retrait par des députés lors d'une séance à l'Assemblée nationale, avait affirmé qu'il était légal et destiné à soutenir le secteur privé national.
Les sources de l'armée et du renseignement ont indiqué que les forces spéciales étaient intervenues contre la Garde nationale après plusieurs tentatives de médiation infructueuses.
Des éléments de la Force d'appui pour la stabilisation de la Guinée-Bissau, déployés dans ce pays par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), ont été vus vendredi matin en patrouille dans les rues.
Le président absent du pays
Ces événements surviennent alors que le président Umaro Sissoco Embalo, élu en décembre 2019 pour cinq ans, se trouve à Dubaï pour assister à la 28e conférence des Nations Unies sur le climat (COP28).
La Guinée-Bissau a connu, depuis son indépendance du Portugal en 1974, plusieurs de coups et tentatives de coup d’Etat, le dernier remonte à février 2022.
Les législatives de juin 2023 ont donné la majorité absolue à la coalition d'opposition Pai-Terra Ranka, imposant une cohabitation au président Embalo, dont la famille politique n'est pas représentée au sein du gouvernement.
En septembre, le président Embalo avait nommé deux généraux, Tomas Djassi et Horta Inta, respectivement chef de la sécurité présidentielle et chef d'état-major particulier du président. Ces deux postes, prévus dans l'organigramme officiel, n'étaient plus pourvus depuis des décennies.