Par Jean-Charles Biyo'o Ella
TRT Afrika, Yaoundé-Cameroun
Le tribunal militaire de Yaoundé a ordonné vendredi, la mise en liberté provisoire de Léopold Maxime Eko Eko et son coaccusé Jean-Pierre Amougou Belinga. Ils sont accusés dans l’affaire de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo en janvier 2023.
Dans l’ordonnance de mise en liberté provisoire signée du lieutenant-colonel Florent Aimé Sikati II, le magistrat militaire motive sa décision par plusiuers faits. Au regard des interrogatoires et confrontations entre Maxime Eko Eko, le directeur général de la DGRE, principal service de renseignements Camerounais, et son collaborateur direct, le lieutenant-colonel Justin Danwe, présenté comme étant le cerveau du meurtre de Matinez Zogo, "aucune charge n’a été relevée pour justifier son maintien en détention".
En outre, "la bande audio attribuée à Martinez ZOGO dans laquelle, ce dernier insulterait et diffamerait Maxime EKO EKO, laquelle bande audio aurait été déroulée au cours d'une réunion au Centre des situations de la DGRE ainsi que l'a soutenu Justin DANWE", a indiqué le tribunal.
"Le chef du Centre de situations, le Conseiller Technique n°1, le chef de Division de la Surveillance Electronique, le directeur des Recherches, les deux ingénieurs chargés de faire passer les bandes sonores et visuelles lors des réunions au Centre des Situations, et EKO EKO Léopold Maxime lui-même, ont unanimement déclaré qu'il n'en était rien. Qu'aucune réunion ne s'était jamais tenue", a -t-il détaillé.
Le tribunal a précisé qu’aucun compte rendu sur l'exécution de la mission "Martinez ZOGO" n’avait été fait au patron du contre-espionnage camerounais entre 18 et 23 janvier 2023, comme affirmé, lors de l’enquête préliminaire
Le cas Amougou Belinga
Comme son coaccusé Eko Eko, l’homme d’affaires Jean-pierre Amougou Belinga bénéficie lui aussi de la liberté provisoire. Le magistrat Sikati II affirme dans son ordonnance que Justin Danwe a "disculpé" le patron de la chaîne de télévision privée Vision4, lors de son interrogatoire de fond.
Il note que l’inculpé "n’était en rien impliqué dans l’arrestation, la séquestration et la torture du journaliste Martinez Zogo", dont le corps sans vie avait été découvert dans une banlieue de Yaoundé, cinq jours après sa disparition en janvier dernier.
Selon les propos de Justin Danwe rapportés par le juge militaire dans l’ordonnance de libération : "Amougou Belinga ne pouvait pas lui donner une quelconque mission concernant Martinez Zogo, car n’en ayant pas qualité.
Toutefois, le principal suspect dans l’affaire dite "Martinez Zogo" reconnait que Amougou Belinga lui avait donné la somme de 2.000.000 f CFA, mais "pour ses besoins personnels, ainsi qu'il avait l'habitude de le gratifier de diverses sommes d'argent presque chaque fois qu'il allait rendre visite à ce dernier".
C’est sur la base de ces éléments et bien d’autres de l’alinéa 1 de l’article 222 du code pénal camerounais, qui dispose que le "juge d’instruction peut à tout moment et jusqu’à la fin de la clôture de l’information judiciaire, d’office, donner main levée du mandat de détention provisoire", que la décision a été prise.
La défense de la famille Zogo
La défense de la famille Zogo n’a pas immédiatement réagi à la liberté provisoire de ces deux suspects. Mais peu avant la décision du tribunal militaire, le conseil des ayants droit de Martinez Zogo a publié un communiqué pour réagir à un autre déclaration faite 19 novembre par les avocats de Léopold Maxime EKO EKO.
Pour maitre Calvin Job et Félicité Zeifman, "les conseils de EKO EKO ont insidieusement tenté de circonvenir et d'orienter l'opinion publique dans le sens de leur défense. On ne peut être au centre et à la tête de tout et clamer, dans le même temps, qu'on a été la mauvaise personne au mauvais endroit, ou encore la victime expiatoire d'une guerre de clans".
"Il ne fait aucun doute qu'avancer que le directeur général du Renseignement Extérieur ignorait tout d'une opération réalisée avec l'aide de ses subalternes directs et les moyens de son service, revient à dénaturer par l'outrage, la réalité", ont ajouté les deux avocats de la famille Zogo.
Retrouvé mort en janvier 2023, la dépouille du journaliste Martinez Zogo est toujours gardée à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé. Une commission d’enquête mise sur pied par le président de la République, Paul Biya, a permis d’interpeller une dizaine de personnes suspectées d’être impliquées dans l'assassinat du patron de la radio Amplitude FM.