Une personne a été tuée et au moins 200 personnes ont été blessées au Kenya lors des manifestations nationales de jeudi contre les projets du gouvernement visant à lever 2,7 milliards de dollars de taxes supplémentaires, a déclaré une alliance de groupes de défense des droits et un organisme de surveillance de la police (IPOA).
La police a tiré des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser les manifestants dans la capitale Nairobi, ont indiqué les cinq groupes de défense des droits, dont Amnesty International et l'Association médicale du Kenya, dans une déclaration commune publiée tard jeudi.
La présence de cartouches usagées laisse supposer l'utilisation de balles réelles, ont-ils ajouté, précisant que plus de 100 manifestants avaient été arrêtés à travers le Kenya.
L'Autorité indépendante de surveillance de la police (IPOA) a indiqué vendredi avoir documenté la mort d'un homme "qui serait due à des tirs de la police et plusieurs blessures graves subies par d'autres manifestants, y compris des officiers de police".
Appel à l'abandon du projet de loi de finances
L'homme de 29 ans est décédé alors qu'il était soigné pour une blessure à la cuisse dans un hôpital dans la nuit de jeudi à vendredi, selon un rapport de police consulté par Reuters. Le rapport ne précise pas comment il a été blessé.
Le commandant de la police du comté de Nairobi, Adamson Bungei, n'a pas répondu aux appels téléphoniques.
"Nous félicitons les milliers de manifestants, dont beaucoup sont des jeunes, d'avoir organisé un piquet de grève pacifique (et) d'avoir fait preuve de retenue et de décorum malgré les provocations de la police", ont affirmé les organisations de défense des droits de l'homme.
Les manifestants veulent que le gouvernement abandonne complètement son projet de loi de finances, estimant qu'il étouffera l'économie et augmentera le coût de la vie pour les Kényans qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts.
Le président revoit sa position à la baisse
Le Fonds Monétaire International estime toutefois que le gouvernement doit augmenter ses recettes pour réduire le déficit budgétaire et les emprunts de l'État.
En début de semaine, le gouvernement a légèrement assoupli sa position, le président William Ruto approuvant les recommandations visant à supprimer certaines des nouvelles taxes, notamment sur la possession d'une voiture, le pain, l'huile de cuisson et les transactions financières.
Malgré les nombreuses manifestations, qui ont éclaté dans 19 des 47 comtés du Kenya, les législateurs ont adopté le projet de loi de finances en deuxième lecture jeudi, faisant passer les propositions fiscales contestées à l'étape suivante en vue de leur approbation.
Les législateurs devraient se réunir mardi pour voter sur les changements proposés au projet de loi, qui, selon le comité budgétaire du Parlement, creuserait un trou de 200 milliards de shillings kényans (1,56 milliard de dollars) dans le budget 2024/25, et obligerait le gouvernement à réduire ses dépenses.