La communauté internationale s’indigne du retrait de la Russie de l’accord céréalier/ / Photo: Reuters

Le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a regretté la décision de la Russie de se retirer de l'accord céréalier de la mer Noire, qui avait permis à l'Ukraine d'exporter des dizaines de millions de tonnes de céréales au cours de l'année écoulée.

"La décision prise lundi par la Fédération de Russie portera un coup aux personnes dans le besoin à travers le monde", a-t-il déploré devant les journalistes.

"Je condamne la décision unilatérale de la Russie de se retirer de l'Initiative sur les céréales de la mer Noire (ICMN), malgré les efforts de notre allié, la Turquie, et de l'ONU", a déclaré Jens Stoltenberg considérant que la "guerre illégale" menée par la Russie contre l'Ukraine continuait de "nuire à des millions de personnes vulnérables dans le monde entier".

L’Union européenne, la France, les Etats-Unis et le Canada ont également regretté cette décision.

Bruxelles a, en effet, fermement condamné "la décision cynique de la Russie de mettre fin à l'Initiative sur les céréales de la mer Noire, malgré les efforts de l'ONU et de la Turquie".

"C'est quelque chose de très grave qui va créer beaucoup de problèmes à de nombreuses personnes dans le monde", a réagi Josep Borrell.

Dans le même contexte, la France a exhorté la Russie à "cesser son chantage sur la sécurité alimentaire mondiale". Condamnant "la suspension par la Russie de sa participation à l’initiative céréalière de la mer Noire", la diplomatie française a considéré que la partie russe "est seule responsable du blocage de la navigation dans cet espace maritime et impose un blocus illégal aux ports ukrainiens".

Le Canada a également condamné la décision russe "de retirer sa participation à l’Initiative céréalière de la mer Noire négociée par les Nations Unies et la Turquie dans le cadre des Accords d’Istanbul en juillet 2022", tout en saluant "les efforts du Secrétaire général de l’ONU et de la Turquie pour faciliter les négociations de bonne foi avec la Russie".

De son côté, le Secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a déclaré que cette décision de la Russie était "insensée", ajoutant que l'accord "devrait être rétabli aussi rapidement que possible".

"J'espère que tous les pays observeront attentivement cette situation et qu'ils verront que la Russie est responsable du refus de fournir de la nourriture à des personnes qui en ont désespérément besoin dans le monde entier”, a-t-il affirmé, soulignant que ce retrait va “contribuer à la hausse des prix, à un moment où de nombreux pays continuent de connaître une grave crise économique".

De même, le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a exhorté les parties concernées à résoudre rapidement leur différend afin de garantir une reprise rapide et sécurisée des exportations des céréales dans le cadre de I'ICMN.

"J'exhorte les parties à résoudre tous les problèmes afin de reprendre le passage sûr et continu des céréales et des engrais de l'Ukraine et de la Russie vers les endroits où cela est nécessaire, en particulier en Afrique", a plaidé Mahamat.

Médiation turque

La Turquie qui assure la médiation dans ce dossier et contribue à l’acheminement des céréales en dehors de la zone de conflit entre la Russie et l’Ukraine a exprimé sa volonté de poursuivre les efforts diplomatiques pour parvenir à un dénouement.

Le président Erdogan a déclaré, lundi, que "malgré la déclaration d'aujourd'hui, je pense que le président russe Poutine souhaite que ce pont humanitaire soit maintenu".

De son côté, le président ukrainien a exprimé sa disposition à poursuivre l’exportation des céréales sans la Russie, en réaction à la décision de Moscou de ne pas renouveler l'accord d'Istanbul sur les céréales.

"Après avoir reçu la notification officielle de la Russie, j'ai demandé à notre ministère des Affaires étrangères de préparer nos notifications officielles à l'ONU et à la Turquie, afin que moi, le président de l'Ukraine, puisse savoir s'ils sont prêts à poursuivre notre initiative", a-t-il déclaré.

Plus tôt dans la journée de lundi, le Kremlin a annoncé qu'il avait suspendu l'accord, déplorant que la partie concernant la Russie n'avait pas été mise en œuvre.

Selon les chiffres recueillis par Anadolu, environ 33 millions de tonnes de céréales ont été acheminées par plus d'un millier de navires à travers le corridor céréalier, du 1er août 2022, jusqu'au 17 juillet 2023.

AA