La résolution, adoptée sous les applaudissements par 14 voix pour, et une abstention, "exige un cessez-le-feu immédiat pour le mois du ramadan" --qui a déjà commencé il y a deux semaines--, devant "mener à un cessez-le-feu durable", et "exige la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".
"Ce bain de sang a duré trop longtemps. (...) Enfin, le Conseil de sécurité prend ses responsabilités", s'est félicité l'ambassadeur algérien Amar Bendjama.
Ce vote "doit être un tournant (...) Cela doit être le signal de la fin de cet assaut d'atrocités contre notre peuple", a renchéri la voix serrée l'ambassadeur palestinien Riyad Mansour, saluant un "jour historique".
Même si les résolutions du Conseil sont contraignantes, elles sont régulièrement ignorées par les Etats concernés.
Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a d'ailleurs déjà assuré qu'Israël ne mettrait pas fin à sa guerre "tant qu'il y a des otages à Gaza".
Contrairement au texte américain rejeté vendredi par des vetos russe et chinois, cette résolution ne lie pas ses demandes aux efforts diplomatiques du Qatar, des Etats-Unis et de l'Egypte, même si elle "reconnait" l'existence de ces pourparlers visant à une trêve accompagnée d'un échange d'otages et de prisonniers palestiniens.
Mais l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield, a elle malgré tout insisté sur un lien, mettant la pression sur le Hamas.
"Pas de changement de cap"
"Un cessez-le-feu peut commencer immédiatement après la libération d'un premier otage (... ) C'est le seul moyen d'assurer un cessez-le-feu et la libération des otages", a-t-elle déclaré.
Si la Maison blanche a assuré que l'abstention américaine n'était pas un "changement de cap", Israël a malgré tout annulé la visite d'une délégation à Washington.
Vendredi, la Russie et la Chine avaient mis leur veto à un projet de résolution américaine soulignant la "nécessité" d'un "cessez-le-feu immédiat" à Gaza en lien avec les négociations pour la libération des otages capturés lors de l'attaque sanglante e t sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien.
Certains observateurs y avaient vu une évolution substantielle de la position de Washington, sous pression pour limiter son soutien à Israël alors que l'offensive israélienne a fait plus de 32.000 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Les Etats-Unis s'étaient en effet jusqu'alors systématiquement opposés au terme "cessez-le-feu" dans les résolutions de l'ONU, bloquant trois textes en ce sens. Mais le texte américain rejeté n'appelait pas explicitement à un cessez-le-feu immédiat.
Et après le ramadan ?
La résolution adoptée lundi est issue du travail des membres non-permanents du Conseil, qui ont négocié tout le week-end avec les Etats-Unis pour tenter d'éviter un nouvel échec, selon des sources diplomatiques.
La résolution réclame d'autre part la "levée de tous les obstacles" à l'aide humanitaire.
Le Conseil, largement divisé sur le dossier israélo-palestinien depuis des années, n'avait pu jusqu'alors adopter depuis le 7 octobre sur cette question que deux résolutions (sur huit soumises au vote), essentiellement humanitaires. Sans grand résultat: l 'entrée de l'aide à Gaza, assiégée, reste largement insuffisante et la famine plane.
La nouvelle résolution condamne d'autre part "tous les actes terroristes", mais sans mentionner les attaques du Hamas du 7 octobre qui ont entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Le Conseil et l'Assemblée générale n'ont jamais spécifiquement condamné les attaques du Hamas du 7 octobre, une absence systématiquement fustigée par Israël.
Alors que la résolution adoptée lundi se concen tre sur un cessez-le-feu temporaire pour le ramadan, plusieurs pays, dont la France, ont insisté sur la nécessité d'un arrêt des combats à plus long terme.
Le Conseil devra aussi "oeuvrer au relèvement et à la stabilisation de Gaza" et "remettre un processus politique sur les rails visant à l'établissement de la solution des deux Etats", a insisté l'ambassadeur français Nicolas de Rivière, félicitant le Conseil d'être sorti de son "silence assourdissant".