Sur le terrain, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se dit déterminé à mener une offensive terrestre à Rafah où s'entassent 1,4 million de Palestiniens, en dépit des appels d'une partie de la communauté internationale.
Conçu après la décision fin janvier de la Cour internationale de justice qui a appelé Israël à empêcher tout acte éventuel de "génocide" à Gaza, le projet de résolution à l'initiative de l'Algérie "exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat qui doit être respecté par toutes les parties".
Alger a demandé la tenue d'un vote mardi. Les Etats-Unis ont déjà agité la menace d'un véto comme lors de précédents votes mi-octobre et début décembre malgré la pression de la communauté internationale face à la crise humanitaire à Gaza.
"Si on en arrivait à un vote sur le projet actuel, il ne serait pas adopté", a indiqué leur ambassadrice à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, dans un communiqué.
Le projet de résolution "refuse le déplacement forcé de la population civile palestinienne" et demande à nouveau la libération de tous les otages emmenés à Gaza durant l'attaque du 7 octobre.
Samedi à Jérusalem, M. Netanyahu a réaffirmé son intention de lancer une offensive à Rafah.
"Quiconque veut nous empêcher de mener une opération à Rafah nous dit en fait de perdre la guerre. Je ne vais pas céder à cela", a-t-il dit.
De vives inquiétudes se sont exprimées dans le monde, y compris par l'allié américain, pour les civils, la plupart des déplacés, dans cette ville située à la frontière fermée avec l'Egypte.
Lors d'un appel téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a, selon ses services, répété "la position catégorique de l'Egypte de rejeter le déplacement des Palestiniens vers (son territoire, ndlr) sous n'importe quelle forme".
Ces derniers jours, une ONG égyptienne et le Wall Street Journal ont rapporté que l'Egypte construisait dans le Sinaï un camp fermé et sécurisé destiné à accueillir des réfugiés palestiniens en cas d'offensive israélienne sur Rafah.
Négociations "pas très prometteuses"
Des négociations impliquant les médiateurs égyptien, américain et qatari pour obtenir une trêve entre le Hamas et Israël incluant un échange entre otages israéliens et prisonniers palestiniens, ont eu lieu ces dernières semaines.
Les négociations n'ont "pas été très prometteuses ces derniers jours", a dit le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani à Munich. Mais "nous ferons de notre mieux pour nous rapprocher" d'un accord, a-t-il ajouté.
Le Hamas, a menacé de quitter les pourparlers à propos d'une éventuelle trêve si "une aide (humanitaire) n'était pas acheminée dans le nord de Gaza".
Son chef Ismaïl Haniyeh a répété que son mouvement exigeait un cessez-le-feu et le retrait israélien de Gaza dans le cadre des négociations.
Des conditions rejetées plusieurs fois par Israël, dont l'offensive d'envergure à Gaza a rasé des quartiers entiers, déplacé 1,7 million des 2,4 millions d'habitants et provoqué une crise humanitaire catastrophique selon l'ONU.
Situation "catastrophique"
Après avoir mené depuis le 7 octobre des bombardements incessants contre le territoire de 362 km2, l'armée israélienne a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza avant de l'étendre au sud.
A l'hôpital Nasser de la ville transformée en champ de ruines, six malades dont un enfant sont morts depuis vendredi à cause de coupures d'électricité, selon le ministère de la Santé à Gaza.
Les soldats ont pénétré jeudi dans l'hôpital sur la base de renseignements selon lesquels des otages y sont retenus, a indiqué l'armée en faisant état de l'arrestation de 100 personnes et de la découverte d'armes.
Les organisations internationales ont exprimé leur inquiétude, Médecins sans Frontières qualifiant de "catastrophique" la situation dans l'hôpital.
Selon l'agence de presse palestinienne Wafa, l'armée israélienne a également mené des opérations samedi soir dans plusieurs endroits en Cisjordanie occupée, y compris dans la ville de Hébron et près de Bethléem et Jénine. Aucune victime n'a été signalée.
Alors que de nouvelles aides sont arrivées samedi à Rafah, l'ONU a averti que les habitants de la bande de Gaza risquent la famine.
"Nous n'allons pas mourir à cause des bombes, mais de faim", a lancé Mohammed Nassar, un Palestinien de 50 ans, de Jabaliya dans le nord de Gaza.
A Tel-Aviv, des milliers d'Israéliens ont manifesté contre le gouvernement Netanyahu et l'ont appelé à conclure un accord pour libérer les otages.
A l'étranger, des manifestations de solidarité avec les Palestiniens ont eu lieu dans plusieurs villes, dont Rome, Londres, Stockholm, Istanbul et Mexico.
Depuis une incursion transfrontalière du groupe palestinien Hamas le 7 octobre, tuant environ 1 200 personnes, l'offensive israélienne dans la bande de Gaza a fait plus de 28 500 morts et causé des destructions massives et des pénuries de produits de première nécessité.
La guerre israélienne contre Gaza a poussé 85 % de la population du territoire vers le déplacement interne, en raison de pénuries aiguës de nourriture, d'eau potable et de médicaments, tandis que 60 % de l'infrastructure de l'enclave a été endommagée ou détruite, selon l'ONU.