Il y a deux ans, aux premières heures du 6 février, deux puissants tremblements de terre consécutifs ont secoué les provinces du sud de la Turquie, coûtant la vie à plus de 50 000 personnes et faisant plus de 100 000 blessés, selon les estimations des autorités. Des provinces entières ont été transformées en champs de ruines lorsque la catastrophe a frappé alors que les températures étaient glaciales, surprenant de nombreuses personnes dans leur sommeil.
Les tremblements de terre, dont l’épicentre était à Kahramanmaras, ont été un rappel douloureux de la vulnérabilité sismique de la région, une réalité ancrée dans l’histoire des territoires anatoliens qui remonte au 3e millénaire avant notre ère, selon les archives. Malgré la dévastation, la détermination de la nation est demeurée inébranlable. Un effort collectif, mené par la solidarité internationale, a permis que la reconstruction démarre presque immédiatement. En dépit de l’ampleur des destructions, qui ont laissé de nombreuses villes en ruines, la Turquie a poursuivi l’un des efforts de reconstruction les plus vastes de son histoire.
Sous l'égide du ministère de l'Environnement, de l'Urbanisation et du Changement climatique, plus de 450 000 nouvelles résidences seront livrées d'ici la fin de cette année, et des milliers d'autres ont déjà été achevées. Le travail inlassable de milliers d’ingénieurs, d’ouvriers du bâtiment et de bénévoles qui continuent de reconstruire des maisons, des hôpitaux et des infrastructures reflètent l’engagement du gouvernement à reconstruire les régions sinistrées.
Jusqu'à présent, plus de 200 000 résidences et bureaux ont été construits dans toutes les zones touchées, de Hatay à Kahramanmaras, Malatya, Adiyaman et d'autres zones dans les 11 provinces, selon le ministère.
Hatay : le cœur battant de la reconstruction
Hatay, située dans le sud de la Turquie et aux frontières de la Syrie, a été la province la plus durement touchée avec plus de 30 000 morts. En deux ans, plus de 46 000 logements et espaces de travail ont déjà été achevés. “Notre gouvernement est là avec toute sa puissance. Hatay est devenu le plus grand chantier de reconstruction dans les zones touchées par le séisme. Ils font de leur mieux 24 heures sur 24”, explique Ahmet Horoz, homme d'affaires de 59 ans et président de l'Association des hommes d'affaires industriels de Hatay.
C’est une région riche en histoire et en culture qui est aujourd’hui devenue un point focal des efforts de reconstruction. La province abrite 15 districts, dont l'antique Antakya (Antioche) et Iskenderun, une ville portuaire méditerranéenne qui tire son nom d'Alexandre le Grand, dont l'armée a parcouru la région lors de sa célèbre expédition au Moyen-Orient.
Sous la coordination de TOKI, une agence spécialisée dans le développement de logement social soutenue par le gouvernement, une armée de 182 000 travailleurs opère sur 3 481 chantiers de construction dans 11 provinces, a annoncé, hier mercredi, le ministère. Les nouveaux bâtiments respectent des normes strictes de résistance aux tremblements de terre, les efforts de construction menés par le gouvernement étant particulièrement axés sur le renforcement des sols.
“De nouveaux logements et lieux de travail sont construits selon des règles de développement strictes”, déclare Horoz, garantissant ainsi des conditions de vie plus sûres pour l'avenir.“ D'un côté, la construction est en cours et de l'autre, les logements sont livrés. Notre gouverneur travaille comme un chef de chantier, faisant de son mieux pour terminer les maisons et les lieux de travail le plus tôt possible”, a révélé Horoz à TRT World.
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Non seulement de nouvelles résidences mais aussi des hôpitaux ont été construits à Antakya et à Defne, les deux districts qui ont été durement touchés par le double séisme et les milliers de répliques qui ont suivi, dit-il.
Démolir des bâtiments endommagés ou effondrés nécessite également un grand effort, explique Horoz.Plus de 70% des bâtiments touchés par les tremblements de terre ont été démolis, dit-il, attirant l'attention sur le fait que certaines questions juridiques impliquant les propriétaires et leurs proches ont retardé certains efforts de reconstruction.
De “belles” maisons de village
Si les centres urbains connaissent une reconstruction à grande échelle, les communautés rurales ne sont pas oubliées.
Depuis 2023, le gouvernement a construit plus de 30 000 maisons de village, offrant ainsi des logements sûrs et durables aux personnes déplacées, selon les archives du ministère datant de décembre 2024.Aziz Yoldas, agent de sécurité de 52 ans du district de Nurdagi à Gaziantep, a salué cet effort.
“Le gouvernement fait du bon travail dans la construction de maisons de village. Elles sont toutes belles”, assure-t-il, en référence aux maisons construites dans les zones rurales.
Lors des tremblements de terre, Yoldas a perdu deux frères, leurs épouses et quatre de ses neveux, qui vivaient dans un immeuble à côté de chez lui.Son frère aîné est décédé quelques mois après les tremblements de terre en raison de l'immense pression psychologique que ses pertes lui ont imposée.
Pour de nombreux survivants, les zones rurales sont devenues des sanctuaires offrant une stabilité sur des bases naturelles plus solides contre les secousses. À mesure que la reconstruction s’étendra, ces villages joueront un rôle crucial dans le redressement à long terme de la Turquie.
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Le parcours continue
Même si des progrès remarquables ont été réalisés, des défis demeurent. De nombreux habitants qui ont fui les zones sinistrées ne sont pas encore revenus, invoquant le manque d'emplois et l'absence d'infrastructures sociales. Mais l'un des plus grands problèmes auxquels sont confrontées les zones touchées par les tremblements de terre est de ramener la main-d'œuvre dans les zones sismiques, que de nombreuses personnes ont quittées à la recherche d'un emploi et de meilleures conditions de vie pour leurs familles, selon Horoz.
Les chefs d’entreprise comme Horoz reconnaissent que la revitalisation du commerce, de l’agriculture et de la vie quotidienne est tout aussi cruciale que la reconstruction des habitations.“En tant qu'homme d'affaires, j'ai du mal à persuader les gens de retourner dans les zones sinistrées pour travailler pour nos entreprises”, déclare Horoz, soulignant que malgré le soutien du gouvernement et les efforts de reconstruction, de nombreuses activités sociales, sportives ou autres événements de divertissement, font toujours défaut dans les zones sinistrées, ce qui induit que les gens ne souhaitent pas revenir.“
Au moins 200 employés ont quitté mon entreprise parce qu'ils ont perdu des membres de leur famille, certains d'entre eux étant morts à cause des tremblements de terre. De nombreux employés ont émigré vers d'autres régions en raison de leurs conditions familiales. Jusqu'à récemment, nous ne parvenions pas facilement à trouver des personnes susceptibles de travailler pour nous. Tout cela a contribué au ralentissement de notre entreprise”, explique Siddik Onler, un homme d'affaires de premier plan de Hatay.Pourtant, l’espoir persiste.
De nouvelles opportunités d’emploi apparaissent et des initiatives communautaires contribuent à rétablir les choses telles qu’elles étaient. Avec le soutien continu du gouvernement et la détermination du public, les régions de Turquie touchées par les tremblements de terre sortent progressivement de leurs ruines.“Le centre-ville se rétablit lentement”, déclare Onler, évoquant les efforts de reconstruction à Antakya et Defne, les deux cœurs de la province.