Par Firmain Eric Mbadinga
Le doublage de voix, Stévy Daic Ndjalala Totolo en a fait l'une de ses spécialités. L'entrepreneur prête sa voix, qu'il module à souhait, passant d'une tonalité grave à l'aiguë, à des personnages de films ou de dessins animés pour leur adaptation en des langues africaines et internationales.
Pour ce faire, Stévy a créé en 2021 Multimedia Limited, une start-up basée au Rwanda. Interprète international et spécialiste en communication, Ndjalala Totolo a mis en plus un business plan qui, de son point de vue, évite la fuite de cerveaux et attire des capitaux sur le continent africain.
''S'agissant du doublage des voix, mon équipe est constituée de personnes très talentueuses que j'ai eu le plaisir de rencontrer ici au Rwanda et au-delà. Je suis moi-même gabonais, mais je sous-traite avec des Rwandais ou des diplomates et autres étudiants quand les contenus doivent être adaptés en haussa, en swahili, en yoruba ou encore en shona du Zimbabwe. Je travaille également avec des Français et je prête ma voix, avec d'autres collaborateurs, pour des contenus en anglais.'', confie Stévy Daic Ndjalala Totolo à TRT Afrika.
Les séances d'enregistrement se font dans une ambiance bon enfant dans les studios de la start-up basés en plein cœur du quartier Kagugu de Kigali.
Câblé pour le son
Afin d'avoir une qualité sonore de haute définition, mais aussi pour ne pas indisposer le voisinage, le studio de Gimeni est équipé de panneaux acoustiques en forme de palettes d'œufs.
À partir de ce siège, et grâce à sa toile de voix aux diverses tonalités, hommes et femmes confondus, Gemini Multimédia fait valoir ses talents en captant des parts de marché dans ce secteur qui fait partie de la chaîne de valeur en matière de production audiovisuelle.
''Il y a beaucoup d'entreprises occidentales qui viennent travailler avec nous en premier parce que nous avons la matière, nous avons des professionnels rompus à la tâche et le savoir-faire requis. Ces entreprises viennent vers nous car nous sommes compétitifs dans ce secteur. Grâce aux tarifs que nous appliquons, chaque partie en sort gagnante. Nos collaborateurs et sous-traitants arrivent à vivre plus que décemment avec ce qu'ils gagnent'' précise Stévy.
Parmi les clients qui font confiance à la start-up, il y a des agences de publicité anglophones, des maisons de production de films documentaires ou encore des ONG dont l'entrepreneur tait les noms pour respect des règles de confidentialité.
Entendre, c'est croire
Sur des films, des dessins animés, des films d'animation et autres publicités, ceux qui donnent leur voix ne font pas de la simple lecture de texte. Ce travail leur impose d'entrer dans la peau du personnage et de jouer un rôle d'acteur.
''Toute personne lettrée peut lire, mais ce n'est pas tout le monde qui peut retranscrire, partager les émotions. Si l'on vous demande de dire' merci' vous pouvez le faire de façon plate, sans émotion. Mais si on vous demande de le faire avec beaucoup plus de gaieté, vous allez dire : ' Merci!!!' avec beaucoup plus d'emphase,'' détaille Stévy.
Les professionnels de la voix off sont tenus d'adapter le rythme, le ton, la mesure de chaque mot, à la thématique, au contexte ou à la réalité cinématographique.
À en croire l'entrepreneur gabonais, ces derniers temps, le marché de la voix off a une affection particulière pour les accents africains. L'approche consiste également à aguicher des audiences cibles.
Pour donner une idée du potentiel économique de ce secteur, le patron de Gemini révèle qu'il est possible lors de certains projets de gagner un cachet de 500 dollars pour un doublage de 3 secondes. Mais pour cela, il faut en effet avoir une belle voix, une voix en or.