Contrainte d’abandonner l’école, Clairia Ndayishimiye rêve de devenir la Reine des Champions au Burundi. Photo : TRT Afrika

Par Ferdinand Mbonihankuye

Depuis 2022, Clairia Ndayishimiye pratique la culture des champignons. Ayant abandonné ses études après le BEPC faute de moyens, l’adolescente refuse de baisser les bras. Pas question de rester inactive à la maison. Elle décide dès lors de se lancer dans l’agriculture.

Elle commence par frapper à la porte de la Société de Valorisation de l’Espace et de la Transformation (SOVERT) à Kibimba pour apprendre l’agriculture. Admise, elle s’est spécialisée dans la culture de champignons comestibles (les pleurotes).

Ce métier lui permet aujourd’hui de gagner dingnement sa vie. C'est pourquoi, elle invite les autres jeunes filles, dont le rêve d'étude a été brisé comme elle, à ne pas sombrer dans l’oisiveté.

Chaque matin, dans l’espace des anciens bâtiments du centre de métier du quartier Bwoga II, dans la capitale politique du Burundi, Clairia Ndayishimiye, pratique la culture des champignons comestibles qu’elle récolte, plus tard, et revend à une société appartenant à l’actuel président de la République du Burundi, située à quelque 25 km de Kibimba, lieu où elle habite.

Contrainte d’abandonner l’école, Clairia Ndayishimiye rêve de devenir la Reine des Champions au Burundi. Photo : TRT Afrika

Pour écouler rapidement sa marchandise, elle a choisi de s’installer à une intersection très fréquentée sur la Route Nationale numéro deux (RN2) : les passants s’y arrêtent pour soit acheter les bottins de champignons à cultiver dans leurs champs soit acheter des champignons prêts pour la cuisine.

À la fin de la semaine après le semis, elle gagne suffisamment d’argent pour subvenir à ses besoins et acheter d’autres substrats à utiliser pour cultiver d’autres champignons.

Une fierté retrouvée

Clairia Ndayishimiye doit sa nouvelle vie à la Société de Valorisation de l’Espace et de la Transformation (SOVERT) de Kibimba. Elle affirme que la culture de champignons lui a rendu un grand service et lui a permis de soutenir ses parents.

Mais pas que. Eloignée de son premier hobby qu’est l’école, la jeune fille s’est découverte une seconde passion en cultivant les champignons. Elle continue d’élargir ses connaissances dans le domaine à l'aide de tutoriels et des groupes de partage sur les réseaux sociaux.

Contrainte d’abandonner l’école, Clairia Ndayishimiye rêve de devenir la Reine des Champions au Burundi. Photo : TRT Afrika

Ce qui était à priori un moyen de subsistance, est devenu une bonne affaire. Et aujourd’hui, elle inspire d’autres jeunes filles ayant abandonné les études.

"J’ai trouvé que la culture et la multiplication des champignons a une grande importance. J’ai créé de l’emploi pour moi- même. Même si la clientèle n’est pas suffisante, je ne me plains pas. Au début, cela n’a pas été facile, mais petit à petit je progresse ".

En plus des techniques de la culture des champignons, elle a aussi acquis des connaissances dans la conservation de la récolte, mais l’acquisition du matériel tel que des frigos restent un défi.

Clairia n’a pas encore les moyens de se les offrir. Elle fait savoir que les champignons regorgent d’eau et leur conservation nécessite des précautions rigoureuses.

Une culture en milieu urbain

Selon Clairia Ndayishimiye, les champignons n’exigent ni terres arables, ni fertilisants.

"Il faut simplement un petit abri en bois couvert de paille de quelques m2 de superficie. Alternativement, on peut les cultiver dans une petite serre en film plastique ou en feuilles de bananier".

Les champignons à maturité et prêts à être recoltés pour la vente ou la cuisson. Photo : TRT Afrika

La jeune femme souligne que la culture sous serre des champignons n’est pas saisonnière. Elle peut se pratiquer tout au long de l’année. La culture des champignons se fait sur des restes de diverses récoltes : fanes de légumineuses, pailles de céréales, sciures...

"Pour cultiver des champignons, il faut des matériels tels que la maison de culture (champignonnière) en bois couverte de paille. Les dimensions de la maisonnette dépendent des objectifs de production de chaque myciculteur. Elle est subdivisée en 4 compartiments : un compartiment pour l’ensemencement ; pour l’incubation ; une pièce pour la fructification et la récolte et en fin une pièce pour le stockage du matériel", explique Clairia Ndayishimiye.

Elle dit que la plupart des espèces des pleurotes commencent à produire des champignons, trois semaines après le semis, deux semaines pour certaines souches précoces. Plusieurs récoltes sont possibles sur un même substrat.

Le rendement des champignons est élevé. Ainsi, avec 12 kg de substrat humide, il est possible de produire 8 à 10 kg de champignons frais et obtenir 8 à 10 dollars américains.

Les pleurotes qui sont prêts pour le semis. Photo : TRT Afrika

"Les champignons sont riches en bonnes protéines qui contiennent tous les acides aminés essentiels et beaucoup d’acides aminés non essentiels.

Les champignons sont pauvres en lipides mais riches en acides gras insaturés. Ils contiennent beaucoup de vitamines, des éléments minéraux", renseigne Clairia.

A l’instar de Clairia Ndayishimiye, d’autres jeunes filles et garçons pratiquent la culture et la vulgarisation de pleurotes, grâce à la SOVERT, ce centre de formation pour la culture et multiplication des champignons comestibles de Kibimba, un quartier de la commune Giheta, dans la province Gitega.

TRT Afrika