Par Rachida Houssou
TRT Afrika - Cotonou, Bénin
Le Koutammakou signifie littéralement en langue Ditammari "le territoire des Batammariba". Il s’agit d’un territoire situé dans le nord-ouest du Bénin, à plus de 560 kilomètres de Cotonou, la capitale économique.
C’est un espace de plus de 271.826 hectares que se partagent le Bénin et le Togo. La plus grande partie, soit 240.658 hectares, se trouve sur le territoire béninois. Ce patrimoine est un paysage particulier formé de plaines, de plateaux et de cuvettes naturelles près de la chaîne de montagnes du département de l’Atacorat.
Il couvre trois villes béninoises : Toucountouna, Natitingou et Boucoumbé. Le Koutammakou se caractérise par ses habitations, singulières par leur architecture. Des maisons en tourelles, construites avec de terre non cuite coiffée de paille, architecture typique du peuple Otammari, appelé les batammariba, installé au Bénin et au Togo.
Ce groupe de cases est réalisé avec du bois, de la latérite, de l’argile, des décoctions de feuilles, des résidus du karité et plusieurs autres végétaux.
"C’est une magnifique architecture comme des châteaux forts qui est l’indicateur d’un savoir-faire de construction locale, en harmonie avec son environnement et évoque des faits sociaux et des croyances religieuses authentiques", explique le directeur national du patrimoine culturel Paul Akogni.
L’installation des Batammariba sur ce territoire remonte au XVème siècle d’après les recherches de l’archéologue béninois Didier N’dah.
Les communes où se nichent ces habitations offrent des paysages pittoresques. Ces maisons sont compartimentées en plusieurs parties. A chaque pièce est relié un rôle important entouré de connotations spirituelles. L’étage est réservé aux vivants et le ré-de -chaussée aux ancêtres décédés.
Au nombre des pièces maitresses, figurent la pièce de l’homme, celle de la femme ou encore le grenier. L’échelle sert d’escalier pour passer d’un niveau à un autre.
"L’inscription des Koutammakou dans le patrimoine mondial de l’UNESCO est une fierté pour le peuple Otammari et pour le tout le Bénin", réagit Justin NATA, un des natifs de la zone.
Cette reconnaissance mondiale permettra de renforcer ce patrimoine menacé par le modernisme et certaines nouvelles réalités qui éloignent la nouvelle génération de Batammariba de ses traditions. Il faut rappeler que la partie togolaise avait déjà été inscrite dans le patrimoine de l’Unesco depuis 2004.
Le Bénin a réalisé une extension de cette inscription.
Le Bénin compte ainsi trois entités inscrites au patrimoine de l’Unesco : les palais royaux d’Abomey, le complexe W-Arly Pendjari et les Koutammakou cette année.