Plusieurs pays africains ont récemment confirmé des cas de Mpox. Photo / Reuters

Par Firmain Eric Mbadinga

La variole du singe ou mpox, une maladie infectieuse causée par un virus de la même famille que la variole, menace de faire des ravages en Afrique avec l'apparition d'une importante épidémie en République démocratique du Congo.

Selon les données officielles, on estime à 19 000 le nombre de personnes ayant contracté la variole du singe dans 12 pays du continent.

Des cas ont également été enregistrés en Suède, en Thaïlande, aux Philippines et au Pakistan.

Si le Congo reste le foyer de la nouvelle variante « Clade Ib », la propagation de la maladie dans 11 autres pays africains constitue une préoccupation immédiate.

Il y a quelques semaines, l'agence de santé de l'Union africaine, Africa CDC, a indiqué que l'ampleur de cette variole depuis le premier cas humain enregistré en 1970 s'était transformée en une épidémie potentielle, en particulier sur le continent.

La maladie se propage principalement par contact physique avec une personne ou un animal infecté. L'OMS a récemment déclaré qu'il s'agissait d'une urgence sanitaire mondiale à la suite de la recrudescence du nombre de cas dans plusieurs pays.

Quelle est donc la position des organismes de santé pour éviter une épidémie que l'Afrique et le reste du monde ne peuvent pas se permettre ?

Des experts tels que le Dr Jean Vivien Mombouli, du Congo, estiment que la réponse de l'Afrique au virus Ebola est un modèle qui mérite d'être reproduit.

Les leçons du passé

La dernière épidémie d'Ebola en Afrique a été contenue en 2022 en RDC. Le Dr Mombouli a été l'un des pionniers de la réponse médicale dans son pays natal et en Guinée, où la maladie a fait au moins 2 500 victimes entre 2013 et 2016.

La cellule de réponse dont faisait partie le Dr Mombouli a collaboré avec la cellule de Kinshasa pour une réponse concertée au plus fort de l'épidémie.

Spécialiste de la physiologie moléculaire et de la pharmacologie, il est convaincu qu'une action précoce est cruciale si le continent veut inverser la progression du virus mpox.

Notre réponse précoce s'est appuyée sur la surveillance communautaire et l'anticipation des résultats de laboratoire. Nous avons lancé des enquêtes parallèles sur la santé humaine et animale afin de délimiter les zones forestières où le virus circulerait pendant un an.

Dr Jean Vivien Mombouli

"Nous avons également mis en œuvre des stratégies similaires pour éteindre l'épidémie en Guinée", explique le Dr Mombouli à TRT Afrika.

Au Nord-Kivu, où le virus Ebola sévit depuis deux ans, l'équipe d'intervention a bénéficié de l'expertise du professeur Jean-Jacques Muyembe, un microbiologiste qui a co-découvert le virus Ebola en 1976 et qui est actuellement directeur de l'Institut national de recherche biomédicale de la RDC.

Sur les conseils de Muyembe, des ateliers réunissant des experts, des responsables militaires et d'autres personnes ont été organisés afin d'élaborer une stratégie convaincante pour les zones où le virus avait circulé.

Ces ateliers ont permis de mieux coordonner les interventions de santé publique et d'accélérer l'endiguement de l'épidémie.

La vaccination permet de lutter contre le Mpox, anciennement connu sous le nom de monkeypox (variole du singe). Photo  Reuters

"Outre des stratégies coordonnées et une synergie collective pour contenir un virus tel que le mpox, il est important de faire connaître la maladie, son origine et son mode de transmission. Il est fondamental de noter qu'il existe deux dynamiques de circulation des clades de mpox : la circulation zoonotique entre l'animal et l'homme et la transmission sexuelle d'homme à homme", explique le Dr Mombouli.

Miser sur la vaccination

En RDC, on dénombre au moins 500 décès sur près de 14 000 cas suspects depuis l'apparition de la nouvelle variante.

Les autorités congolaises entendent renforcer leur réponse à l'urgence de santé publique avec 3,5 millions de doses de vaccin Mpox.

Lors d'une conférence de presse tenue la semaine dernière, le ministre de la santé, Samuel-Roger Kamba, a déclaré que le gouvernement mettait en commun toutes les ressources disponibles pour acheter des vaccins. Il a également annoncé que les États-Unis avaient promis les 50 000 premières doses, tandis que le Japon s'était engagé à fournir trois millions de doses pour les enfants.

La déclaration par l'Organisation mondiale de la santé d'une "urgence de santé publique de portée internationale" à la mi-août devrait stimuler la fourniture de vaccins aux autres pays touchés sur le continent.

Outre le bassin du Congo, la maladie s'est propagée au Burundi, à la Côte d'Ivoire, à la Thaïlande, à l'Afrique du Sud, au Nigeria et à la Centrafrique.

La variole du singe est connue pour entraîner une mortalité élevée chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli. Les manifestations oculaires entraînent également la perte de la vue. Dans certains cas, le visage est défiguré.

Ces manifestations de la maladie font toutes partie de la souche hautement transmissible du "clade Ib".

"Nous en sommes au stade préliminaire. Nous avons besoin que les pays touchés mobilisent des ressources à l'avance. Le Mpox se propageant plus lentement que l'Ebola, il nous permettra de cartographier le risque en Afrique de l'Ouest et dans les pays du bassin du Congo, y compris l'Angola, la Zambie, le Sud-Soudan et le Tchad", précise le Dr Mombouli.

TRT Afrika