Par Dayo Yusuf
Lorsque la guerre a éclaté au Soudan, toute l'attention s'est focalisée sur ce pays. Les habitants du Soudan et du monde entier ont suivi les événements au fur et à mesure qu'ils se produisaient, grâce aux journalistes qui se sont mobilisés, certains en première ligne, pour informer le monde de ce qui se passait.
"Mon rédacteur en chef m'a donné deux heures pour me rendre à l'aéroport et me rendre au Soudan pour mon reportage. C'était le sujet le plus brûlant du moment".
Hassan, vidéo-journaliste basé à Nairobi, au Kenya, raconte : "À la fin de la journée, j'étais à Khartoum. Et j'étais prêt à envoyer mon sujet."
Et c'est le cas pour les grands sujet de l'actualité internationale.
La façon dont les faits sont rapportés donne une idée de la situation ou de qui est en train de perdre ou de qui est en train de gagner dans une guerre.
"Le rôle des médias est de rendre compte de la situation telle qu'elle est, et d'attirer l'attention du grand public, y compris de la communauté internationale, pour qu'ils sachent ce qui se passe" déclare le Dr. Adams Bornah, expert en sécurité.
"Dans une situation de guerre, les médias sont censés jouer un rôle impartial et ne doivent pas être visés", ajoute le Dr Adams.
"Ils rendent donc public ce que personne ne sait. Ils ne doivent pas être perçus comme penchant d'un côté ou de l'autre ou comme ayant des opinons personnelles.''
Toutefois, ce qui est malheureux dans les conflits, c'est que l'histoire peut être différente, mais les illustrations sont similaires.
Les combats restent des combats. La famine est la même que partout ailleurs. Selon Hassan, c'est ce qui fait qu'il est difficile de faire durer l'interêt pour l'histoire trop longtemps.
On ne peut pas parler d'une même chose à tout moment. "Nous avons la situation dans le nord du Ghana où il y a un conflit qui dure depuis longtemps dans la région", a souligné le Dr Adams.
Le manque d'attention des médias peut donner une fausse impression de la situation réelle sur le terrain. Beaucoup de choses graves se produisent, des meurtres, des incendies et des enlèvements. Mais les médias se désintéressent en fait sérieusement de la situation", a-t-il déclaré.
"Je pense que les conflits en Afrique sont couverts différemment des conflits dans le reste du monde", a déclaré le journaliste vidéo Hassan.
"Voyez-vous, après avoir passé quelques semaines au Soudan, j'ai dû retourner chez moi pour d'autres missions. Mais avec la guerre russo-ukrainienne, mon organisation dispose d'une équipe basée en permanence sur place, qui réalise des reportages tous les jours. Je ne pense pas qu'ils quitteront le pays tant qu'ils n'auront pas vu la fin du conflit", a-t-il ajouté.
Qu'il s'agisse d'une guerre, d'une famine ou de toute autre nouvelle tragique, les médias mettent en relation les personnes touchées et les organisations qui leur viennent en aide. Mais cela signifie aussi que lorsque les médias s'en vont, l'intérêt international risque de baisser.
Adams, expert en sécurité, note: "Lorsque de grandes organisations médiatiques mettent en évidence un éventuel génocide ou un certain carnage quelque part, de grandes organisations d'aide interviennent."
"Parce que les Nations Unies, ou d'autres agences apparentées comme l'UE, l'UA, la CEDEAO et le reste, ne veulent pas être accusées de ne rien faire, elles commencent à mobiliser des ressources. Ainsi, dès qu'il n'y a pas d'avalanche d'histoires qui tombent sur les Nations unies, elles commencent à détourner le regard", a-t-il ajouté.
Cela fait à peine 100 jours que le conflit au Soudan a éclaté. Hassan, qui a été l'un des premiers journalistes internationaux à arriver sur place, s'est depuis lors tourné vers d'autres sujets, notamment un festival de musique au Kenya.
Mais les consommateurs d'informations ont également commencé à chercher autre chose à regarder ou à découvrir. Selon les experts, si les médias ne braquent pas constamment leurs projecteurs sur le Soudan, le conflit risque de disparaître et les victimes risquent fort de souffrir en silence.