Le conflit au Soudan. (AA)

Par

Emmanuel Onyango

Alors que les pays continuent d'évacuer leurs diplomates et leurs citoyens du Soudan, les pays voisins sont de plus en plus inquiets quant à une éventuelle aggravation de la lutte pour le pouvoir entre l'armée régulière et le groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide.

Ces évacuations aériennes sont le signe qu'aucune solution politique n'est en vue à court terme, après l'échec des efforts répétés pour négocier un cessez-le-feu permanent. Les rapports font état d'une flambée des prix des denrées alimentaires et le chef des Nations unies, Antonio Guterres, a mis en garde contre une crise qui engloutirait l'ensemble de la région.

Le Soudan partage ses frontières avec sept pays - l'Égypte, la Libye, le Tchad, l'Éthiopie, l'Érythrée, la République centrafricaine (RCA) et le Sud-Soudan - et l'on craint que le conflit n'alimente des troubles de longue date dans la région.

Les voisins ont proposé des voies terrestres pour permettre à d'autres pays d'évacuer leurs ressortissants.

Mais les flots de véhicules transportent également des dizaines de milliers de réfugiés soudanais qui fuient le conflit et M. Guterres a mis en garde contre une crise qui pourrait engloutir toute la région.

Ces derniers jours, entre 10 000 et 20 000 personnes ont fui le conflit dans la région du Darfour, à l'ouest du Soudan, pour se réfugier au Tchad voisin, selon le HCR.

L'est du Tchad accueille déjà plus de 400 000 réfugiés du Soudan et les nouveaux arrivants mettent à rude épreuve les services publics, selon le HCR.

En début de semaine dernière, le Tchad a également déclaré avoir "arrêté et désarmé" plus de 300 soldats soudanais qui avaient fui sur son territoire.

La prolifération des armes légères et la présence de militants pourraient potentiellement attiser les tensions dans un pays où des élections retardées sont prévues en octobre 2024.

"Chaque fois qu'il y a une crise de réfugiés, il y a aussi une crise de sécurité et cela va peser sur la sécurité régionale et sur la logistique de la fourniture de l'aide humanitaire dans une région qui se débat avec les réfugiés", a déclaré Edgar Githua, un expert en affaires internationales.

Les intérêts géopolitiques de l'Égypte et de l'Éthiopie dans ce conflit sont plus immédiats, chacun cherchant un allié éventuel dans la guerre de l'eau qui se développe pour l'utilisation des eaux du Nil, le plus long fleuve d'Afrique, selon M. Githua.

La décision de l'Éthiopie de construire le Grand Ethiopian Renaissance affectera les niveaux d'eau en aval et provoquera des pénuries dans les villes et les barrages égyptiens.

"L'Égypte a besoin d'un allié (le Soudan) pour l'aider à contenir l'Éthiopie dans l'utilisation des eaux du Nil et vice-versa", a déclaré M. Githua.

Carte du Soudan et ses voisins.

Jeudi, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a lancé une mise en garde contre "les parties qui travaillent dans l'incitation et creusent un fossé entre l'Éthiopie et le Soudan frère".

Le Sud-Soudan, pays voisin et enclavé, possède les troisièmes réserves de pétrole d'Afrique et exporte son pétrole brut par les oléoducs soudanais et les ports de la mer Rouge.

Un conflit prolongé au Soudan affecterait les recettes pétrolières dont le pays a désespérément besoin et qui financent une grande partie de son budget national.

La séparation du Soudan en 2011 n'a pas encore abouti à une normalisation complète, des violations territoriales présumées dans la province d'Abyei, riche en pétrole, étant toujours en jeu.

L'armée nationale libyenne, dirigée par le chef de guerre Khalifa Haftar, s'est déclarée prête à jouer un rôle de médiateur dans le conflit au Soudan.

Haftar a nié avoir pris parti dans le conflit à la suite d'informations selon lesquelles il aurait envoyé des fournitures militaires aux forces de sécurité soudanaises.

Le bloc de huit pays d'Afrique de l'Est, connu sous le nom d'IGAD, a proposé de négocier la paix, mais n'y est pas parvenu jusqu'à présent, et l'on craint de plus en plus qu'une prolongation des combats au Soudan ne complique encore la sécurité dans la région.

TRT Afrika