Par Coletta Wanjohi
TRT Afrika, Nairobi
Pas moins de 500 organisations de la société civile africaine ont adhéré à ce qu'elles appellent la "Déclaration des peuples africains 2023" et participent à une série d'activités parallèles au sommet.
Les victimes des combustibles fossiles de certaines régions du continent sont représentées à cette véritable assemblée populaire. L'abolition des combustibles fossiles est l'une des principales revendications qui, selon les partisans de la charte, différencie ce sommet des initiatives précédentes.
Conduire le changement
Les combustibles fossiles sont des sources d'énergie non renouvelables telles que le pétrole brut, le charbon et les produits connexes, le gaz naturel, le pétrole et les gaz dérivés.
"Nous espérons que nos voix seront entendues par les chefs d'État. Nous espérons que nos voix seront entendues par les chefs d'État, mais aussi par les populations africaines", déclare Tasneem Essop, directrice exécutive de Climate Action Network (CAN) International.
Muhammed Lamin Saidykhan, responsable du renforcement de la puissance des mouvements chez CAN International, estime qu'il est temps de conduire le changement plutôt que d'attendre qu'il se produise.
"La science est très claire. Elle indique que la principale cause du changement climatique est l'investissement dans les combustibles fossiles ; par conséquent, si nous ne l'arrêtons pas, cela signifie que nous mettons nos vies en danger, que nous mettons nos chances de survie en danger", déclare-t-il à TRT Afrika.
La stratégie verte
La fondation Greenpeace, l'organisation mondiale de défense de l'environnement qui est à la tête d'un mouvement en faveur des énergies propres, mène une campagne pour que le sommet africain sur le climat décide qu'il n'y aura plus d'investissements dans les combustibles fossiles sur le continent.
Le potentiel de l'Afrique
Elle met au défi l'Union africaine (UA), l'un des principaux organisateurs du sommet, d'adopter une position ferme contre les combustibles fossiles.
"L'UA peut soit faire preuve de courage pour que l'Afrique devienne le chef de file mondial d'une transition vers une énergie 100 % renouvelable, sûre et abordable, soit laisser les grandes industries pétrolières et extractives continuer à plonger la planète dans un désastre après l'autre", déclare Moses Wemanya, un conseiller en énergies renouvelables qui participe à la campagne.
"Le pétrole et le gaz ont alimenté une crise climatique. Nous avons besoin d'une solution, et nous ne pouvons pas la trouver en développant la même industrie pétrolière et gazière en Afrique. Nous devons trouver un moyen d'investir dans de nouveaux systèmes énergétiques qui répondront aux besoins des Africains".
Lamin, de CAN International, souligne l'ironie du fait que le continent et ses habitants paient le prix dans les deux sens. "L'Afrique abrite environ 40 % des minerais dont le monde a besoin pour décarboniser son économie. Pourtant, plus de 600 millions d'Africains sont en situation de pauvreté énergétique.
Des plans spécifiques à chaque pays
La République démocratique du Congo vise à développer au moins un million d'hectares de terres irriguées d'ici à 2030. Le pays espère ainsi contribuer à la diminution de la déforestation, à la transition vers l'agriculture sédentaire et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le Congo travaillerait également à la promotion de l'utilisation de l'énergie solaire, éolienne et hydroélectrique.
En Tunisie, la Commission des Nations unies sur le changement climatique (UNCC) indique que le secteur de l'énergie connaît une tendance à la hausse de la demande. Le Mozambique chercherait à fournir de l'électricité solaire et éolienne à 5 000 foyers situés dans des zones reculées.
En Éthiopie, le gouvernement a l'ambitieux projet d'exploiter à plein régime son barrage de 600 MW, qui peut produire suffisamment d'énergie hydroélectrique pour répondre aux besoins de plus de 65 % de la population.
Obstacles potentiels Lors du sommet africain sur le climat, certains citoyens ont exprimé leur scepticisme quant à l'efficacité des délibérations sur l'éradication des combustibles fossiles si elles sont influencées par les entreprises de combustibles fossiles.
"Nous nous sommes réunis ici à Nairobi, mais nous avons vraiment l'impression que ce sont les entreprises de combustibles fossiles qui influencent un grand nombre de discussions et de décisions lors de ce sommet", déclare Stephen Kariuki, directeur exécutif du Kenya Network Forum, qui se concentre sur la restauration des écosystèmes dans les zones arides et semi-arides de la région du mont Kenya.
" Les Africains ne discutent pas des véritables questions d'atténuation et d'adaptation qui les concernent. En fait, nous avons des intrus sous la forme d'investisseurs en combustibles fossiles qui soutiennent ou parrainent certaines de ces réunions. C'est inquiétant, car certains de nos dirigeants n'assument pas la responsabilité de ce qu'ils défendent", déclare M. Kariuki.
Certains délégués estiment que les dirigeants savent ce qu'il faut faire, mais qu'ils n'agissent pas aussi rapidement qu'ils le devraient contre les combustibles fossiles." La volonté politique nécessaire n'est pas au rendez-vous.
L'Occident n'apporte pas son soutien et le Nord ne fait pas non plus le nécessaire pour aider l'Afrique à fournir de l'énergie propre à sa population. Au contraire, ils alimentent l'utilisation des combustibles fossiles en encourageant l'investissement dans certains de ces projets", explique M. Lamin.
Selon Tasneem, le "message le plus important" que les gens doivent assimiler est que "les plus grandes souffrances dues au changement climatique se produiront en Afrique". C'est aussi un message dont l'écho sinistre résonnera longtemps après que les débats du Sommet africain sur le climat se seront apaisés et que la poussière sera retombée sur les engagements pris par les dirigeants.