Par Kudra Maliro
Les "Boda-boda" (Moto-Taxi) créé en 1988 dans le but de transporter les marchandises transfrontalières de Busia entre l'Ouganda et le Kenya. Le Boda-Boda s'est étendu dans plusieurs villes en Ouganda et dans toute l'Afrique de l'Est, en Afrique centrale et maintenant en Afrique de l’ouest.
Depuis plus de 30 ans, les "Boda-boda" continuent de gagner du terrain dans plusieurs villes africaines. Avec les embouteillages qui continuent à bloquer les citadins pendant plusieurs heures, la personne préfère prendre les "Boda-boda" au détriment de taxi-bus.
Origine du "Boda-boda"
Les Bodas-boda sont à l’origine des vélos-taxis et des motos-taxis que l'on trouve couramment en Afrique de l'Est. Bien que les motos-taxis comme les Boda-boda soient également trouvables dans différentes parties du monde, en particulier en Afrique, le terme "Boda-boda" est propre à l'Afrique de l'Est.
En Ouganda, les "Boda-bobas" est un vieux projet de plus de 30 ans dont à la création, avait pour but de faciliter les transports du café et des cannes à sucres quittant la ville frontalière de Busia en Ouganda pour Kenya.
Vers les années 1982, l'Ouganda produisait beaucoup de canne à sucre. Mais il était difficile pour les cultivateurs d’exporter leurs produits d'Ouganda vers le Kenya en bicyclette, de sorte que plusieurs opérateurs commerciaux ont décidé d'importer des motos d’Asie pour surmonter les difficultés de transport de leurs marchandises.
"Ces Boda-boda se rendaient au Kenya avec des produits et, sur le chemin du retour, ils transportaient des personnes, d'où le nom de Border to Border (d’une frontière à l’autre). À l'époque, ces motos se vendaient très chères et elles ne consommaient pas beaucoup de carburant" dit à TRT Afrika, Vincent Kisiriko, journaliste ougandais basé à Kampala et auteur d’un livre sur l’expansion des "Bodas-boda" en Afrique de l’Est.
M. Kisiriko affirme que vers les années 2000, l’Ouganda a assisté à un boom de ce secteur de transport avec l’importation massive des "MATE", une nouvelle variété de scooters importées du Japon.
Les principales raisons de son utilisation très fréquente dans les villes d'Afrique de l'Est sont dues à un certain nombre de facteurs, tels que la demande accrue de transports publics, des embouteillages urbains mais aussi la possibilité d'acheter des motos à crédit, etc.
Selon un rapport de la Kampala Capital City Authority publié en mars 2023, il y a plus de 150 000 "Bodas-boda" enregistrés dans la ville de Kampala et on estime à 3 millions le nombre de Bodas-Boda en Afrique de l'est et centrale.
Booster l’économie
Pour franchir la frontière entre les deux pays, un "Bodas-boda" doit payer environ 50 000 shillings ougandais (20 dollars) et il doit être muni d’un permis de conduire (qui s’obtient à 180 dollars américains).
Aujourd’hui, avec l’innovation, plusieurs clients dans différents pays de l’Afrique de l’Est peuvent utiliser une application mobile pour commander un "Boda-boda" depuis n’importe quel endroit.
L'Ouganda a adopté certaines réglementations et les entrepreneurs locaux se tournent vers la technologie pour booster leur rentabilité. On peut citer, entre autres, Safeboda, une application mobile qui permet aux passagers de réserver des trajets fiables, avec des motos équipées de casques et de chauffeurs formés à la sécurité routière et aux premiers secours.
Selon un rapport publié en 2013 par le groupe bancaire panafricain Standard Bank, le secteur de "Boda-boda" devrait devenir le deuxième secteur pourvoyeur d’emplois en Ouganda, après l'agriculture.
L’expansion du Boda-boda
Au Kenya, l'industrie génère 4 millions de dollars par jour, selon la Motorcycle Assembly Association of Kenya.
En Tanzanie, des dizaines de milliers de jeunes hommes se lancent chaque année à la conquête des "Bodas-boda", alors même que leur sécurité suscite de plus en plus fréquemment des inquiétudes.
Selon les statistiques du gouvernement, la Tanzanie a importé 1 884 motos privées en 2003. L'année dernière, 185 110 motos privées ont été importées, la plupart sont destinées aux opérations de "Bodas-boda".
"Les Bodas-boda contribuent grandement à l'économie ougandaise. Imaginez que chaque jour, plus d'un million de "Boda-Boda" consomment du carburant, mais les Boda-Boda sont devenus un facteur clé du transport et de l’économie ici en Ouganda" ajoute M. Kisiriko.
Kisiriko se réjouit du confort et de la technologie de pointe qui caractérisent les nouvelles motos.
TRT Afrika a suivi Sharif Nsubuga, 30 ans, père de trois enfants. Il est conducteur de "Bodas-boda" depuis plus de six ans dans la métropole de Kampala.
Nsubuga se réveille tous les jours à 4 heures du matin pour sillonner la ville et transporter ses clients et abonnés. Le soir, il repart les chercher pour les déposer à leurs domiciles et ne rentre il rentre chez lui qu’aux alentours de 22 heures.
"Je gagne environ 15 dollars américains par jour en travaillant comme Boda-boda et j’utilise environ trois litres de carburant quotidiennement. Je suis devenu Boda-boda à cause de ma famille car je me suis marié un peu trop vite et que j'ai dû chercher un emploi pour subvenir aux besoins de ma petite famille", dit Nsubuga, casque vissé à la tête, à TRT Afrika.
Nsubuga affirme qu’il continue d’économiser pour s'acheter deux ou trois motos afin de poursuivre mes études qui avait été abandonné, il y a six ans. Il reconnait que son travail est très risqué car il fait face à la certaine en raison du grand nombre de voitures sur les routes de Kampala en Ouganda.
Ailleurs…En Afrique centrale
Dans l'est de la RDC, les "Bodas-boda" sont apparues dans les années 2000, lorsque les commerçants congolais, se rendant, en Ouganda et au Kenya ont rencontré ces motos utilisées pour le transport public.
Kambale Manoke, commerçant basé à Beni est l'un des pionniers du secteur de "Boda-boda" dans l’est du Congo. L’idée lui est venue en 1998 après son voyage à Kampala, en Ouganda, pour acheter des marchandises pour de commerce.
"Un ami ougandais m'a accompagné pour faire les courses - pour me déplacer, il m'a dit de prendre le Boda-boda pour aller d'un endroit à l'autre, alors je me suis dit que si j'achetais une moto ici à Kampala pour Beni, je ferais la même chose pour gagner de l'argent", se souvient-il.
"Ici, chez moi, c'était un luxe de conduire une moto et beaucoup de gens payaient de l'argent pour faire un tour sur une moto sans savoir où aller. Dans les trois grandes villes de l'est du Congo, nous avons (aujourd’hui) plus d'un million de Boda-boda" dixit M. Manoke.