Par Peter Asare-Nuamah
Du 18 au 26 septembre 2023, les dirigeants mondiaux se réunissent pour l'Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) à New York.
Ce rassemblement offre le moment et la plateforme idéales pour lancer un appel retentissant aux dirigeants mondiaux afin qu'ils prennent conscience des réalités des extrêmes climatiques.
C'est aussi l'occasion pour eux de prendre des mesures urgentes nécessaires pour lutter contre le changement climatique et les catastrophes environnementales, ainsi que contre leurs impacts négatifs sur l'économie mondiale en général et en particulier les économies en développement.
Les chefs d’État des pays vulnérables d’Afrique et d’autres parties du monde présents à l’AGNU doivent donner la priorité aux négociations et aux discussions qui proposent des solutions réalistes à leurs menaces existentielles.
L’économie mondiale se remet progressivement des effets néfastes de la pandémie mortelle de COVID-19. Pourtant, les économies en développement continuent de lutter contre les conséquences à moyen et long terme.
Parallèlement à cela, de nombreuses économies en développement ont été largement exposées à des événements climatiques extrêmes, ce qui a aggravé leur capacité à relever les défis critiques qui affectent leur économie et leurs populations.
Sans aucun doute, 2023 a enregistré des phénomènes climatiques les plus dévastateurs au monde.
Les températures estivales très élevées en Europe et dans les Amériques, ainsi que les sécheresses et les incendies de forêt endémiques qui en découlent en Espagne, dans certaines parties du Canada et en Afrique du Nord, témoignent de la gravité du climat de 2023.
Néanmoins, les économies en développement sont confrontées aux plus grandes menaces et aux extrêmes climatiques les plus graves.
Un exemple clair est celui des récentes inondations dévastatrices dans l’est de la Libye, qui ont tué des milliers de personnes.
De même, début janvier, l’Ouganda, le Rwanda et le Congo ont connu certaines des pires inondations. Le cyclone Freddy a frappé les côtes du Zimbabwe, du Mozambique, du Malawi et de Madagascar en février.
En mars, les économies d’Amérique du Sud, comme le Pérou et l’Équateur, ont été durement touchées par le cyclone Yaku, tandis que l’Inde, le Bangladesh et le Myanmar ont également été frappés par le cyclone Mocha en mai.
La Libye a également connu des inondations dévastatrices en septembre.
En effet, à mesure que les extrêmes climatiques augmentent, leurs impacts augmentent également. Les pertes mondiales dues aux catastrophes naturelles, y compris aux extrêmes climatiques, ont été estimées à 110 dollars pour le premier semestre 2023.
Dans une tournure historique des événements, les États-Unis ont enregistré 23 catastrophes liées au climat entre janvier et septembre 2023, dépassant les records de 2020 de 22 catastrophes, entraînant environ 57,6 milliards de dollars de pertes économiques.
Les pertes socioéconomiques dues aux catastrophes liées au climat sont graves dans les économies en développement, en partie à cause de leur vulnérabilité.
Par exemple, le cyclone Freddy a entraîné des pertes de 1,5 milliard de dollars pour les économies touchées d’Afrique australe, tandis que le cyclone Mocha a entraîné des pertes d’environ 1,1 milliard de dollars pour les économies asiatiques touchées.
Outre les pertes économiques, le nombre de décès reste élevé lors des événements climatiques extrêmes.
Les Nations Unies indiquent que le nombre de morts dus aux inondations en Libye pourrait atteindre 11 300.
Les événements climatiques extrêmes aggravent encore l’insécurité alimentaire et la pauvreté dans les communautés vulnérables, provoquant des migrations massives, en particulier dans les économies fragiles et touchées par des conflits comme le Soudan et la Libye.
De manière explicite, les extrêmes climatiques entravent la réalisation des objectifs de développement durable, érodent les progrès réalisés et font dérailler les futurs efforts de développement durable, en particulier dans les économies en développement vulnérables.
Il est donc urgent que les dirigeants mondiaux agissent comme jamais auparavant pour lutter contre le changement climatique et les événements extrêmes induits par le climat.
L’AGNU devrait être consciente des impacts croissants des extrêmes climatiques et prendre des mesures réalistes et réalisables pour atténuer la fréquence et les effets des extrêmes climatiques dans les économies en développement.
Il est nécessaire d’opérer un changement de paradigme dans les approches habituelles, excessivement hégémoniques et descendantes de la gouvernance mondiale du changement climatique. Ce changement nécessite un engagement et une implication efficaces des acteurs locaux dans la définition de priorités réalisables.
Il y a également la recherche d'institutions et de mécanismes de financement, y compris le Fonds vert pour le climat, pour donner la priorité à la recherche et aux programmes à fort impact, capables de changer les politiques, les capacités et les comportements des communautés vulnérables.
En outre, les dirigeants mondiaux doivent reconnaître et donner la priorité au développement humain en tant que bien public essentiel et droit de l’homme, qui ne peut être nié quelle que soit la situation géographique de chacun.
Plus important encore, les économies développées doivent être responsables du nettoyage des dégâts climatiques et environnementaux causés en grande partie par leurs activités de développement. Cela inclut le respect de l’engagement annuel de 100 millions de dollars visant à faire progresser l’adaptation au changement climatique dans les économies en développement.
Les systèmes technologiques de surveillance, de sensibilisation et de réponse aux extrêmes climatiques devraient être facilités et transférés aux régions en développement confrontées à des extrêmes et à des impacts climatiques élevés et récurrents.
L'auteur, le Dr Peter Asare-Nuamah, est maître de conférences à l'École de développement durable de l'Université de l'environnement et du développement durable du Ghana et chercheur principal au Centre de recherche sur le développement de l'Université de Bonn en Allemagne.
Avertissement : Les points de vue exprimés par l'auteur ne reflètent pas nécessairement les opinions, points de vue et politiques éditoriales de TRT Afrika.