Par Devaux Tanjona
Antananarivo, Madagascar
C’est le calme plat dans la capitale malgache après des semaines marquées par les affrontements entre les partisans de l’ancien président candidat, Andry Rajoelina, le collectif des candidats qui appelle à l’abstention et les forces de l’ordre.
Les camions et les voitures des forces de l’ordre restent encore omniprésents un peu partout dans la capitale à Antananarivo notamment sur l’avenue de l’indépendance plus connue sous le nom de la Place du 13 mai dans la capitale malgache.
Le collectif des candidats continue leur marche pacifique pour réclamer le report des élections, la demande de changement des membres la Haute Cour Constitutionnelle jugés partiaux et de la Commission Electorale Nationale Indépendante.
Cette initiative est partagée par l’actuelle présidente de l’Assemblée Nationale, les plateformes de la société-civile et le Conseil œcuménique des Églises chrétiennes de Madagascar. Une plateforme a été mise en place pour chercher une solution commune et une table ronde pour pouvoir organiser une élection libre, transparente et acceptée de tous. Lundi 13 novembre, six candidats membres du collectif du candidat ont appelé à l’abstention à ses partisans. "Nous ne sommes pas contre les élections mais contre celle du 16 novembre", réclame le Collectif des candidats.
Le taux d’abstention risque d’être très élevé pour cette élection du 16 novembre. En 2018 lors de la dernière présidentielle, l’abstention était de 46,77% lors du premier tour et de 51,91% lors du second tour. "À coup sûr, je ne voterai pas jeudi. Je ne veux pas être complice d'un semblant de démocratie. Soit on est démocrate et qu'on suit les règles, soit on ne l'est pas”, a déclaré Mirado Rakotoharimalala, un activiste local.
Peur d’une grave crise économique et sociale
A Antananarivo que dans les autres villes du pays, la population continue son train de vie quotidien, mais, reste très prudente face à une éventuelle crise politique et surtout sociale.
"Nous sentons une grande tension autour des élections présidentielles. Nous sommes au bord d'une énième crise à Madagascar si nous ne sommes pas déjà dedans. Le processus électoral de cette fin d'année 2023 n'assure pas les Malgaches et est loin d'être accepté par les parties prenantes. La Communauté Internationale se préoccupe également de la situation politique à Madagascar. Si on continue à forcer les élections, sans qu'une certaine concertation n'ait lieu, son issue risque de replonger le pays une nouvelle fois dans une impasse qui durera des mois, voire des années" continue, Mirado Rakotoharimalala.
Les vendeurs ambulants poursuivent leurs activités quotidiennes tout comme les autres secteurs d’activités. Si la montée des prix avec l’inflation affecte déjà les ménages malgaches, une éventuelle crise post-électorale risque encore de plonger le pays dans une grave crise politique et sociale. "Je pense déjà à faire des provisions avec les moyens dont je dispose. Je crains surtout d’une crise sociale et de l’aggravation de l’insécurité. La population ne peut rien faire, elle vit dans la peur en permanence surtout avec la présence des gros bras qui se sentent invincibles" nous a confié, Malala, une entrepreneure de la capitale.
Trois candidats en campagne
Sur les 13 candidats retenus pour cette élection du 16 novembre, seuls trois d’entre-eux sont en campagne. L’ancien président candidat, Andry Rajoelina sillonne les quatre coins de l’Ile avec une armada d’artistes et un show à l’américain.
Tous les moyens ont été déployés que ce soit financier ou matériel pour une réélection dès le premier tour.
Le leader de la révolution orange prône la continuité et n’hésite pas à répondre à ses détracteurs. Siteny Randrianasoloniaiko, le député de Toliara I, est le second candidat qui ne lésine pas dans ses moyens pour se faire et entendre auprès de la population.
Il se déclare comme le candidat du renouveau. Comme son principal adversaire, Andry Rajoelina, Siteny Randrianasoloniaiko dispose d’un budget de campagne assez compliqué. Les deux candidats se rivalisent dans tous les domaines à commencer par les hélicoptères et les avions, les nombreux artistes qui assurent le show. Le troisième candidat en la personne de Sendrison Raderanirina.
Contrairement à ses deux adversaires, sa campagne ne fait pas de vague. Ses affiches ne sont même pas visibles dans la capitale. Les trois candidats entament la dernière ligne droite de leur campagne ce jour et demain 15 novembre pour convaincre les électeurs à aller voter massivement.
A quelques jours du premier tour, les observateurs électoraux internationaux débarquent à Madagascar. Ils assureront une mission d’observation avant, pendant et après le scrutin. Le collectif des candidats a rencontré les émissaires de la SADC lundi 13 novembre. Le gouvernement campe sur ses positions sur la tenue du premier tour de l’élection de ce jeudi 16 novembre et annonce que toutes les conditions sont réunies.