L'Afrique du Sud saisit la Cour internationale de justice à l'encontre d'Israël pour son action militaire à Gaza, estimant qu'il s'agit d'un "génocide".
Le conflit de Gaza se déroule peut-être dans un lointain Moyen-Orient, mais il est important pour les pays africains que quelqu'un du continent s'exprime en leur faveur. La démarche de l'Afrique du Sud montre pourquoi les voix africaines sont essentielles au niveau mondial.
À New York, où se trouve le siège des Nations unies, la Sierra Leone et l'Algérie sont les derniers pays africains à avoir rejoint le Conseil de sécurité des Nations unies, qui compte 15 membres, en tant que membres non permanents, ce qui porte à trois le nombre de représentants du continent.
Le Dr Tasiu Magaji, politologue à l'université Bayero du Nigeria, considère qu'il s'agit là d'une évolution importante de la politique mondiale. Il pense que la stature de l'Afrique au sein du Conseil de sécurité rendra la chambre plus responsable.
"Les membres non permanents qui n'ont que peu ou pas d'intérêt direct dans certains conflits au-delà de la paix mondiale pourraient veiller à ce que le Conseil de sécurité rende compte de ses actions ou de son inaction. Ils pourraient influencer les débats mondiaux et défendre leurs priorités et leurs points de vue sans retenue", explique M. Magaji à TRT Afrika.
Infusion de nouvelles idées
La Sierra Leone et l'Algérie font partie des cinq nouveaux membres non permanents élus par l'Assemblée générale des Nations unies pour un mandat de deux ans à compter de ce mois-ci. Le Mozambique, troisième pays africain du groupe, siège à la table des négociations jusqu'à la fin de l'année 2024.
La représentation accrue de l'Afrique au sein de la plus haute instance décisionnelle de l'ONU s'accompagne d'attentes.
"La Sierra Leone et l'Algérie pourraient demander plus de transparence et de consultations sur le maintien de la paix, les sanctions ou d'autres mesures prises par le Conseil de sécurité", explique M. Magaji.
Dans la poursuite de la paix et de la sécurité mondiales, la diversité accrue du Conseil de sécurité devrait favoriser les perspectives régionales, car les différents membres ayant des problèmes de sécurité régionaux uniques apportent de nouvelles idées à l'organisation.
La Sierra Leone a l'expérience des conflits et des efforts de consolidation de la paix en Afrique de l'Ouest, tandis que l'Algérie a vécu et géré l'insécurité en Afrique du Nord, selon M. Magaji.
Un autre domaine est la promotion du dialogue international, car les membres non permanents renforcent le niveau de coopération entre les membres des Nations unies, en particulier sur les questions liées à leurs régions respectives.
Un appel à l'équité
Certes, même les décisions majoritaires du Conseil de sécurité sont susceptibles d'être annulées par le droit de veto des cinq grands, à savoir les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie et la Chine. C'est pourquoi les pays africains réclament un siège permanent au Conseil avec droit de veto.
"L'augmentation du nombre de pays africains au sein du Conseil de sécurité ne suffit pas à accroître les chances d'obtenir un siège permanent pour le continent. L'obtention d'un siège permanent est complexe et nécessite le soutien d'autres États membres des Nations unies", explique M. Magaji.
Les pays africains sont à l'origine de nombreuses résolutions et conventions. L'une d'entre elles est le consensus d'Ezulwini de 2005, une campagne panafricaine pour la réforme du Conseil de sécurité. En effet, l'Union africaine poursuit la réforme des Nations unies depuis la déclaration de Syrte de 1999.
Bien que 54 pays africains représentent 28 % des membres officiels des Nations unies, le continent n'a pas encore de représentation permanente au Conseil de sécurité.
Parmi les dix membres non permanents du Conseil, l'Algérie et la Sierra Leone ont occupé les sièges laissés vacants par le Gabon et le Ghana, dont les mandats de deux ans s'achevaient le 31 décembre 2023.
Le taux de représentation de l'Afrique au sein du bloc des 15 membres s'élève désormais à 20 %.
Saisir les opportunités
"Un processus de réforme des Nations unies est en cours pour moderniser la structure de l'organisation et les processus de prise de décision", explique M. Magaji. "Cela pourrait donner à l'Afrique l'occasion de présenter des arguments plus solides en faveur d'un siège permanent.
Les analystes estiment que les Nations unies doivent respecter davantage les voix africaines, ce qui ne pourra se faire que si le continent dispose d'un ou deux postes permanents à la table des négociations, conformément à son statut dans le concert des nations.
Une reconnaissance minimale de l'importance de l'Afrique dans les affaires mondiales devrait aller au-delà du drapeau d'une nation africaine flottant occasionnellement dans la salle du Conseil de sécurité.
Une affirmation significative devrait être un siège permanent, même s'il n'est pas assorti d'un droit de veto. En effet, le monde est plus grand que cinq nations et, comme l'affirme M. Magaji, "la constitution actuelle du Conseil de sécurité est au mieux déséquilibrée, au pire antidémocratique".