Le leader Mbowe, partisan du parti d'opposition tanzanien Chadema, réagit alors que des policiers anti-émeutes arrêtent les manifestants, à Dar Es Salaam. Photo : Reuters

La police tanzanienne a bloqué lundi matin les accès aux domiciles des deux leaders du principal parti d'opposition tanzanien Chadema, qui a appelé à manifester malgré l'interdiction de la police contre les disparitions de ses membres, a annoncé la formation.

Chadema a lancé son appel à descendre lundi dans les rues de la capitale économique Dar es Salaam après le meurtre d'un de ses dirigeants, Ali Mohamed Kibao, enlevé par des hommes armés et retrouvé mort le 7 septembre.

Le parti dénonce une répression croissante à son égard à quelques mois d'élections locales prévues en novembre et accuse la présidente Samia Suluhu Hassan de revenir aux pratiques autoritaires de son prédécesseur John Magufuli, après avoir donné des signes d'ouverture démocratique quand elle est arrivée au pouvoir en mars 2021.

La police a interdit la manifestation et des forces anti-émeutes, avec des canons à eau, ont été déployées en plusieurs points stratégiques de Dar es Salaam, notamment dans les quartiers de Buguruni et Ubungo, mentionnés par Chadema comme points de départ de la manifestation.

"Depuis hier soir et jusqu'à ce matin, la police a fermé toutes les routes menant au domicile du président du Chadema, Freeman Mbowe. Tous les usagers de la route sont arrêtés, fouillés et interrogés sur leur intention de manifester", a annoncé lundi matin Chadema dans un message sur X.

Des forces de sécurité ont également "encerclé la maison du vice-président Tundu Lissu", ajoute le parti dans un autre message.

Le 12 septembre, Freeman Mbowe a lancé un ultimatum aux autorités, leur demandant d'enquêter sur les disparitions de plusieurs de ses membres et qu'ils soient "ramenés vivants ou morts" d'ici le 21 septembre, sous peine de manifestation.

La police avait annoncé dès le lendemain qu'aucune manifestation ne serait autorisée.

Chadema a maintenu son appel. "Aucune de nos demandes n'a été prise en compte ou n'a reçu de réponse", a affirmé dimanche Mbowe dans un discours sur X.

Le commandant de la police Jumanne Muliro a, lui, rappelé ce weekend que "depuis que les manifestations ont été annoncées, la police a publiquement déclaré que les manifestations étaient interdites". "Si le Chadema a sa propre position, c'est son affaire", a-t-il ajouté.

En août, un précédent rassemblement interdit par la police mais maintenu par Chadema avait vu 520 dirigeants et sympathisants du parti, dont Freeman Mbowe et Tundu Lissu, arrêtés, puis libérés quelques jours plus tard.

Plusieurs ONG et pays occidentaux, Etats-Unis en tête, ont exprimé leur inquiétude sur le climat politique actuel dans ce pays d'Afrique de l'Est.

AFP