Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies a temporairement cessé de distribuer de l'aide alimentaire dans un camp de personnes déplacées au Darfour Nord, au Soudan, où sévit la famine, en raison de l'escalade de la violence, avertissant que des milliers de familles pourraient mourir de faim dans les semaines à venir.
Cette décision intervient deux jours après que l'organisation caritative médicale MSF a suspendu ses activités dans le camp de Zamzam, qui a été la cible d'attaques répétées de la part des forces paramilitaires de soutien rapide du Soudan (RSF), qui cherchent à évincer l'armée soudanaise et les forces alliées.
« Sans une aide immédiate, des milliers de familles désespérées à Zamzam pourraient mourir de faim dans les semaines à venir », a déclaré Laurent Bukera, directeur du PAM pour l'Afrique de l'Est.
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« Nous devons reprendre l'acheminement de l'aide vitale dans et autour de Zamzam en toute sécurité, rapidement et à grande échelle. Pour cela, les combats doivent cesser et les organisations humanitaires doivent bénéficier de garanties de sécurité », a ajouté Bukera.
Déplacements et crise alimentaire
Edem Wosornu, haut fonctionnaire de l'ONU chargé de l'aide humanitaire, a indiqué mercredi au Conseil de sécurité que les images satellite confirmaient l'utilisation d'armes lourdes à l'intérieur et autour de Zamzam au cours des dernières semaines, ainsi que la destruction des principales installations du marché dans le camp.
« Les civils terrifiés, y compris les travailleurs humanitaires, n'ont pas pu quitter la zone lorsque les combats étaient les plus intenses.
Beaucoup ont été tués, dont au moins deux travailleurs humanitaires », a-t-elle confié aux 15 membres du Conseil.
La famine a été confirmée en août dans le camp de Zamzam par un comité mondial d'experts en sécurité alimentaire.
Des souffrances immenses
Depuis lors, le PAM a anonncé qu'il n'avait pu faire entrer qu'un seul convoi d'aide dans le camp de Zamzam, malgré des tentatives répétées, en raison du « mauvais état des routes pendant la saison des pluies, de l'obstruction délibérée des forces de soutien rapide » et des combats le long de la route entre les forces de soutien rapide et les forces affiliées à l'armée soudanaise.
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La fermeture du poste frontière d'Adre, qui permet d'entrer au Darfour depuis le Tchad au cours du premier semestre 2024, a également empêché le PAM de stocker de la nourriture à Zamzam afin de garantir un soutien constant plus tard dans l'année, selon l'agence des Nations Unies.
« Près de deux ans de conflit incessant au Soudan ont infligé d'immenses souffrances et transformé certaines parties du pays en un véritable enfer », a insisté Mme Wosornu au Conseil de sécurité.
Elle a ajouté que plus de 12 millions de personnes avaient été déplacées et que la moitié du pays - 24,6 millions de personnes - souffrait d'une faim aiguë.
« Nous avons besoin d'une véritable mise en œuvre des engagements répétés visant à faciliter et à permettre un accès humanitaire sans entraves et sans restrictions aux civils dans le besoin », a-t-elle affirmé.
En novembre, la Russie, qui soutient le gouvernement soudanais, a opposé son veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité qui demandait aux belligérants soudanais de cesser les combats et de garantir l'acheminement de l'aide humanitaire.