Le Premier ministre italien, Giorgia Meloni, a lancé le sommet Italie-Afrique, dont l'objectif est de dévoiler les projets de son ambitieux plan visant à redéfinir les relations entre l'Europe et le continent africain, à freiner les flux migratoires illégaux et à faire de l'Italie une plaque tournante de l'approvisionnement énergétique de l'Afrique vers l'Europe.
Dans son discours d'ouverture, elle a cité en exemple des projets pilotes d'énergie renouvelable du Maroc à l'Éthiopie et au Kenya, ajoutant qu'ils pourraient être reproduits dans tous les pays africains qui manifesteront de l'intérêt pour ces nouvelles formes d'investissement.
Les ressources initiales disponibles pour financer le plan s'élèvent à 5,95 milliards de dollars, y compris les crédits et les fonds de coopération, a déclaré le premier ministre italien lundi, suscitant le scepticisme quant à la puissance de feu financière limitée.
M. Meloni a souligné que le plan Mattei sera basé sur "une nouvelle approche : ni prédatrice, ni paternaliste, mais pas charitable non plus", et qu'il ouvrira une nouvelle page dans les relations entre l'Europe et les pays africains, avec des partenariats économiques et stratégiques entre "égaux".
Des accords controversés
Au cours des derniers mois, le gouvernement Meloni - qui a fait de l'arrêt de l'immigration clandestine vers les côtes italiennes l'une de ses principales priorités - n'avait révélé que six macro-domaines sur lesquels son plan de développement pour l'Afrique se concentrerait : l'éducation, l'alimentation, l'eau, l'agriculture, l'énergie et les infrastructures.
Toutefois, au cours de l'année passée au gouvernement, elle a également conclu des accords bilatéraux controversés avec des pays comme la Tunisie et l'Albanie, dans le but de décourager les départs de migrants d'Afrique du Nord et de créer des structures permettant de traiter les demandes d'asile en dehors du territoire italien.
Lundi, les partis d'opposition et les organisations africaines ont manifesté et organisé une sorte de contre-sommet devant la chambre basse italienne pour exprimer leurs doutes quant au contenu réel du plan Mattei.
Exploitation des ressources
Selon eux, malgré les slogans du gouvernement, celui-ci s'inspire d'une approche "néocoloniale" qui aboutira à l'exploitation des énormes ressources naturelles de l'Afrique, sans introduire de nouvelles formes de développement.
L'approche de M. Meloni a également été ouvertement critiquée par l'un des premiers intervenants africains au sommet, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'Union africaine, qui a souligné que les pays africains auraient aimé être consultés avant que l'Italie ne dévoile son plan pour l'Afrique.
"Nous devons passer des paroles aux actes", a déclaré M. Faki lors du sommet. "Nous ne pouvons pas nous contenter de promesses qui ne sont jamais tenues".
"Il ne s'agit pas d'une boîte fermée que nous imposons d'en haut", a déclaré M. Meloni. "Il s'agit d'un plan d'objectifs concrets et réalisables qui seront atteints étape par étape.