Le Sénégal a limité l'accès aux services Internet à partir de lundi en raison de la diffusion de "messages haineux" sur les médias sociaux, a déclaré le ministre de la communication dans un communiqué.
Cette décision intervient après que le chef de file de l'opposition, Ousmane Sonko, a été inculpé samedi de complot insurrectionnel, d'association de malfaiteurs et d'autres infractions.
Ses partisans ont été furieux à l'idée que sa condamnation risque de l'empêcher de se présenter à l'élection présidentielle de l'année prochaine.
"Les opérateurs téléphoniques sont censés se conformer aux exigences notifiées", a déclaré le ministre des communications, Moussa Bocar Thiam.
Ousmane Sonko doit être interrogé lundi par un juge, a annoncé à l'AFP l'un de ses avocats. Le juge décidera ou non de retenir les charges qui pèsent contre lui.
Un fort dispositif sécuritaire constitué de dizaines de policiers, de véhicules anti-émeutes et de barrages filtrants est dressé autour du Palais de justice lundi matin, a constaté l'AFP. La présence policière est également renforcée dans toute la capitale.
"La défense se trouve dans l'impossibilité de rencontrer son client, de s'entretenir avec lui, de le préparer à l'audition du juge d'instruction et c'est un scandale", a déclaré à la presse devant le tribunal Me Ciré Clédor Ly, avocat de M. Sonko.
L'opposant avait été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme dans une affaire de moeurs, un verdict qui le rend inéligible en l'état, soulignent ses avocats et des juristes. Sa condamnation a engendré début juin les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, qui ont fait 16 morts selon les autorités, une trentaine selon l'opposition.
Selon le procureur, l'arrestation de vendredi n'a "rien à voir" avec la première procédure dans laquelle M. Sonko a été jugé par contumace.
L'opposant a annoncé dimanche sur les réseaux sociaux entamer une grève de la faim. Il a aussi appelé le peuple à " rester debout" et à "résister".
Lundi, la coalition de l'opposition Yewwi Askan Wi a appelé "le peuple sénégalais" à se "rendre massivement" au grand tribunal de Dakar où M. Sonko fera face au juge.
Un peu plus tôt dans la matinée, des manifestants avaient barré l'autoroute à péage, a indiqué son service de communication sur les réseaux sociaux, ajoutant que les forces de l'ordre étaient en route.