Le gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko partagera devant la presse à Dakar les conclusions du travail de "diagnostic approfondi" demandé par le président Bassirou Diomaye Faye après son investiture en avril.
Le gouvernement s'exprimera sur les problèmes identifiés "et les mesures de mitigation de cette situation héritée", ont dit les services de M. Sonko sur les réseaux sociaux.
Faye et Sonko ont pris la tête du Sénégal portés par l'espoir de changement placé en eux par une population dont les trois quarts ont moins de 35 ans et la moitié moins de 19, et dont une grande partie se bat au quotidien pour trouver du travail et joindre les deux bouts.
Les Sénégalais continuent à quitter leur pays en grand nombre à bord de pirogues à destination de l'Europe, et des dizaines sont morts dans l'Atlantique cette année, y compris depuis l'avènement de Faye.
Faye et Sonko disent avoir trouvé une situation très détériorée.
Leur action a été contrariée par la persistance jusqu'à récemment d'une majorité parlementaire favorable à l'ancien président Macky Sall. Le président a annoncé le 12 septembre la dissolution de l'Assemblée nationale, et fixé au 17 novembre des élections législatives censées lui donner les moyens d'agir.
Le président a évoqué à cette occasion "une détérioration grave" des finances publiques.
Le Fonds monétaire international disait dans un communiqué publié en septembre que "la position budgétaire (du Sénégal) devrait se détériorer en raison d'une baisse des recettes et de l'augmentation des dépenses en subventions énergétiques et en paiements d'intérêts".
Dette, déficit, chômageIl indiquait que la croissance avait été plus lente que prévue au cours du premier semestre 2024 et que "les perspectives demeurent difficiles pour le reste de l'année". Il invoquait "l'accumulation d'impayés envers les entreprises privées, en particulier dans les secteurs de la construction et de l'énergie". Il préconisait des "mesures fortes", dont une rationalisation fiscale et la suppression progressive de subventions énergétiques.
L'Agence nationale de la statistique a fait état en septembre d'un taux de chômage de 21,6% au deuxième trimestre, en hausse de 3% par rapport à la même période de 2023.
Une source proche du pouvoir a indiqué à l'AFP qu'il s'agirait davantage pour le gouvernement jeudi de "faire connaître la situation de référence du Sénégal après avoir fait l'état des lieux", que de détailler une stratégie.
En même temps que l'état des lieux a cependant été élaboré un plan à l'horizon 2050 qui sera la référence du pouvoir et qui vise à "transformer durablement l'économie sénégalaise et à bâtir un Sénégal souverain, juste et prospère", disent les services du Premier ministre.
Cet "agenda national de transformation" sera lancé officiellement le 7 octobre, précisent-ils.
La presse a publié mercredi de grandes lignes d'une "Stratégie nationale de développement 2025-2029". Elle énonce des objectifs et les moyens de les atteindre pour parvenir à un nouveau modèle économique moins dépendant de l'étranger, social, vertueux et durable, et faisant la part belle au secteur privé national.
Elle donne pour buts une croissance moyenne de 6,5% sur la période, un déficit budgétaire ramené à 3% du PIB et une dette maîtrisée alors qu'elle s'est envolée ces dernières années.
Elle comporte un Plan d'actions prioritaires, estimé selon la presse et un document consulté par l'AFP à 18.496 milliards de francs CFA (28,2 millions d'euros). Interrogé sur ces informations, le porte-parole du gouvernement n'a pas répondu.