Par Fırmaın Éric Mbadınga
Ils sont au moins 6 millions de personnes à avoir vu leurs numéros de téléphone être désactivés du jour au lendemain au cours des derniers mois au Sénégal.
D'aucuns l'ignoraient jusque-là. Cette suspension de leur carte SIM s'explique par le fait que ces abonnés avaient acheté leurs puces téléphoniques sans s'être formellement identifiés lors de la vente.
Ce mystère a ainsi été levé mercredi au cours de la séance de travail organisée entre l'Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes du Sénégal (ARTP) et les opérateurs du secteur, notamment les entreprises de téléphonie mobile.
''Nous avons résilié plus de 6 millions de numéros. Des numéros qui n'étaient pas identifiés. Le problème principal était un problème sécuritaire'', a expliqué Abdou Karim Sall, le Directeur Général l'ARTP.
Cette désactivation en masse explique entre autres la disparition dans de nombreuses rues de Dakar des vente à la sauvette et au marché noir, des cartes SIM non enregistrées.
Pour Awa Dıop soutient que la mesure prise par l'autorité de régulation est normal. '' Ces personnes doivent se conformer. L'ARTP a pris une bonne décision. Que toute celles et ceux qui n'ont plus de cartes SIM actives se munissent d'une pièce d'identité et en achètent une autre simplement, ce n'est pas cher, ça coute 1000 CFA'', dit la trentenaire, d'un ton sec, à TRTAfrıka.
''L'identification des abonnés a été un chantier extrêmement important. Nous avons réussi à faire un toilettage, mais il ne faut pas que l'on baisse la garde, car il y a toujours un stock mort. Donc les opérateurs sont conscients que cette avancée doit être maintenue'', déclare Abdou Karim Sall, le Directeur Général l'ARTP.
Christopher Evouna Ininghouet, un étudiant en commerce international à Dakar, la capitale sénégalaise, dit comprendre la mesure arrêtée par l'ARTP, notamment l'argument sécuritaire avancé.
'' S'agissant d'abord de la procédure de suppression des 6 millions de cartes SIM. Je me rappelle que durant des mois, les maisons de téléphonie mobile ont envoyé des messages à leurs abonnés, les invitant à se faire identifier en bonne et due forme, sous peine de perdre leurs numéros de téléphone. La décision de les suspendre, pour ceux-là qui ne s'y sont pas conformés, est une suite logique pour moi'', argumente l'étudiant.
''Aussi l'argument sécuritaire avancé par les autorités est plus que raisonnable, je pense, avec la révolution numérique favorisée par l'accès facile à Internet via les données mobiles, il me semble logique d'avoir un minimum de regard sur les activités de chacun"n ajoute M. Evouna qui y voit un moyen de lutter contre la cybercriminalité tant que la mesure respecte le droit des utilisateurs.
''On devrait avoir la possibilité de suivre les traces de ces personnes qui commettent des forfaits en ligne. À Dakar, ici, les cas d'arnaques, d'escroqueries par le moyen de simples appels téléphoniques sont légions, donc l'argument sécuritaire avancé me semble plus que pertinent.'' conclut-il.
Les escroqueries par téléphone sont fréquentes au Sénégal. En aout 2022, une bande d'arnaqueurs avait été arrêtée par la gendarmerie avec un butin de 80 millions de francs CFA. Ces deniers se faisaient passer pour des opérateurs de téléphonie mobile et évoquaient des factures impayées pour lesquelles ils obtenaient des transactions financières de leurs victimes.