Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a salué jeudi, à Dakar, la décision de l’Espagne de reconnaitre l’État de Palestine.
Une décision prise en compagnie de l’Irlande et de la Norvège le 22 mai 2024, quelques jours après le vote par l’Assemblée générale des Nations unies d’une résolution demandant de faire de la Palestine un État membre à part entière de l’ONU.
"Le Sénégal, en sa qualité de président du comité des Nations unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a fortement salué la décision de l’Espagne de reconnaitre l’État de Palestine", a déclaré le président sénégalais lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez.
"Le Sénégal réitère sa condamnation ferme de la situation catastrophique à Gaza où la population vit une tragédie sans précédent et fait face au mépris des règles humanitaires les plus élémentaires par la puissance occupante", a insisté le président Faye, réitérant l’appel du Sénégal pour "un cessez-le-feu immédiat et à la solution de deux États".
Au plan bilatéral, les deux pays sont convenus de renforcer le volet économique de leur coopération et aussi de lutter plus efficacement contre la migration irrégulière.
"Nous sommes préoccupés par les départs massifs à partir des côtes sénégalaises avec l’Espagne comme destination. Le gouvernement sénégalais, sous la conduite du Premier ministre, travaille sur les voies et les moyens de stopper les vagues de départs clandestins", a expliqué le président Faye.
"Mais à côté des mesures répressives, une coopération plus étroite entre les deux pays est nécessaire pour lutter contre les causes profondes de ce phénomène", a-t-il poursuivi, assurant que l’objectif recherché est de développer, d’une part, des projets visant à fixer les candidats à l’émigration irrégulière et, d’autre part, de promouvoir une migration sûre et ordonnée.
"Le gouvernement espagnol est déterminé à créer des opportunités économiques, en soutenant la lutte contre les mafias et le crime organisé et en offrant des alternatives dans le cadre de la migration régulière (…) Rechercher et aider à la prospérité des nations est la meilleure formule pour lutter contre les inégalités et leurs effets, comme celui de la migration irrégulière", a relevé de son côté Sanchez qui a réitéré l’appui de son pays à cette lutte.
L’étape de Dakar a été l’occasion pour le Premier ministre espagnol et sa délégation de présenter l’Alianza Africa Avanza (Alliance pour le progrès de l’Afrique).
L’objectif principal de cette initiative est, d’après Carlos Cuerpo, ministre espagnol de l’Économie, du Commerce et des entreprises, de freiner l’immigration irrégulière en dynamisant les économies locales et en mettant en place des programmes de formation pour une immigration circulaire.
À travers cette initiative, des projets d’investissements d’entreprises espagnoles dans des secteurs à fort potentiel de production, de création d’emplois ou d’innovation vont être mis en œuvre.
"Le Sénégal, en tant que pays co-proposant, accueillera le siège du secrétariat prévu pour l’Alliance, sera le lieu de lancement des premiers projets d’investissement et de formation", a rappelé Cuerpo mercredi dans la présentation de l’initiative.
La tournée ouest-africaine de Sanchez, entamée en Mauritanie mardi et en Gambie mercredi, intervient à un moment de hausse significative des arrivées en Espagne de migrants irréguliers en provenance d’Afrique subsaharienne.
Selon le ministère de l’Intérieur espagnol, 31 155 migrants sont arrivés en Espagne au 15 août, marquant une augmentation de 66 % par rapport à la même période l’année précédente.
L’ONG Caminando fronteras a évoqué pour sa part 5054 morts sur les routes maritimes à destination de l’Espagne pour les 5 premiers mois de 2024.