Au Mali, plusieurs partis politiques ont défavorablement accueilli la décision des autorités de reporter la présidentielle prévue en février prochain et censée ramener les civils au pouvoir.
Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a dénoncé mercredi dans un communiqué cette décision "unilatérale" et affirmé "l'impérieuse exigence de respecter les engagements" de la part de la junte.
Le M5-RFP avait mené en 2020 la mobilisation contre le président civil Ibrahim Boubacar Keïta, finalement renversé cette année-là par les militaires toujours au pouvoir aujourd'hui. Les colonels ont marginalisé le mouvement, devenu critique du pouvoir.
D'autres partis se sont élevés depuis lundi contre le report. La Ligue démocratique du changement a dit "sa grosse déception". Elle "désapprouve et condamne sans équivoque cette tentative de prise en otage de la démocratie malienne".
Le Parti Yelema a protesté contre le fait que le report "n’a fait l’objet d’aucune discussion". Il insiste sur "le manque d’anticipation, l’incompétence" des autorités et leur "refus d’honorer leurs engagements".
Pour le Parena, "l’organisation d’élections est une question de volonté politique" et "certaines des raisons techniques évoquées pour justifier ce report pouvaient être évitées". Il "exhorte le gouvernement à éviter les méthodes solitaires et unilatérales".
Maître Mamadou Ismaila Konaté, ancien ministre de la Justice, a souligné sur les réseaux sociaux que le pouvoir "tente de maquiller sa faute et son incapacité à régler les affaires publiques" en imputant principalement le report à une société française prestataire d'identité civile, à laquelle l'État malien doit de l'argent.
Le report de la présidentielle est un défi supplémentaire lancé à la CEDEAO (Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest). Celle-ci n'a toujours pas réagi officiellement alors qu'elle n'a cessé depuis 2020 de faire pression sur la junte pour un retour des civils au pouvoir.
L'organisation de 15 pays membres, qui proclame un principe de "tolérance zéro" pour les coups d'État, est confrontée depuis le premier putsch à Bamako à une succession de coups de force, au Burkina Faso et au Niger voisins du Mali, mais aussi en Guinée.
Les militaires à la tête de ces pays ont tous promis de rendre le pouvoir à des civils élus à l'issue de périodes dites de "transition" au cours desquelles ils mèneraient les réformes qu'ils jugent indispensables pour leur pays.
Pour le moment, la CEDEAO n’a pas encore réagi.