La mission de l'ONU en Libye a appelé vendredi à "une désescalade" et à "éviter d'autres tensions", après des mouvements de troupes du camp Haftar en direction d'une zone du sud-ouest du pays divisé, contrôlée par le gouvernement rival, reconnu par l'ONU et basé à Tripoli.
La Manul a appelé dans un communiqué "toutes les parties en présence à faire preuve de la plus grande retenue et à éviter toute action militaire provocatrice qui pourrait mettre en péril la stabilité fragile de la Libye et la sécurité de sa population".
L'état-major des forces du Gouvernement d'union nationale (GNU), basé à Tripoli (ouest), a annoncé jeudi avoir mis ses unités "en état d'alerte", leur ordonnant d'être "prêtes à repousser toute éventuelle attaque".
Selon les médias locaux et des analystes, l'objectif des troupes pro-Haftar est la prise de l'aéroport de Ghadamès, à 650 km au sud-ouest de la capitale, actuellement sous contrôle des autorités de Tripoli.
Opération globale
Les forces terrestres de l'Est, dirigées par Saddam Haftar, fils cadet du maréchal Khalifa Haftar, ont annoncé mardi mener une "opération globale", visant officiellement selon elles, à "sécuriser les frontières sud du pays et à renforcer la stabilité dans ces zones stratégiques".
Mais le Haut Conseil d'Etat (HCE), basé à Tripoli et qui fait office de Sénat, a réagi jeudi disant "suivre avec grande inquiétude les mobilisations militaires des forces de Haftar dans le sud-ouest, visant clairement à renforcer son influence et étendre son contrôle" sur ces "zones stratégiques", à la frontière entre Libye, Tunisie et Algérie.
"Ces mouvements sont susceptibles de nous renvoyer aux affrontements armés et sont une menace directe pour le cessez-le-feu" de 2020, sapant tout "effort visant à réunifier l'institution militaire" et pouvant causer "l'effondrement du processus politique", a indiqué le HCE dans un communiqué.
Sécuriser les villes du Sud
Dans une vidéo vendredi sur leur page officielle, les forces pro-Haftar n'ont pas mentionné Ghadamès, assurant vouloir uniquement "sécuriser" sept villes du sud, déjà sous contrôle de l'Est.
Minée par les divisions depuis la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux exécutifs rivaux: l'un à Tripoli (ouest) dirigé par Abdelhamid Dbeibah, l'autre dans l'est, affilié au maréchal Haftar.
Haftar, avec le soutien militaire d'alliés étrangers (Russie, Egypte et Emirats arabes unis), avait lancé une offensive brutale d'avril 2019 à juin 2020 pour s'emparer de Tripoli. Il avait été stoppé in extrémis en périphérie de la capitale par les forces du GNU, appuyées par la Turquie.
Même si les querelles politiques dégénèrent fréquemment en affrontements meurtriers entre groupes armés, le cessez-le-feu signé en octobre 2020 après la déconvenue du maréchal Haftar est largement respecté.