L'ancien dirigeant du Sénégal, Macky Sall, qui a déclenché au début de l'année l'une des pires crises depuis des décennies en retardant l'élection présidentielle, cherche à faire son retour lors des élections législatives anticipées de dimanche.
Sall a quitté le pouvoir en avril, après 12 ans de règne, cédant les rênes à son successeur, Bassirou Diomaye Faye, et quittant le Sénégal pour le Maroc.
L'ex-président est désormais à la tête d'une coalition d'opposition nouvellement formée depuis l'étranger, ce qui soulève des questions sur les motifs de son retour dans la mêlée politique et sur ce que cela pourrait signifier pour le pays d'Afrique de l'Ouest.
L'ennemi politique de longue date de Sall, l'actuel Premier ministre Ousmane Sonko, a suggéré à plusieurs reprises que les membres de l'ancienne administration, y compris Sall, pourraient être traduits devant les tribunaux.
Il a accusé le gouvernement de Sall d'avoir laissé derrière lui des finances publiques "catastrophiques" et d'avoir manipulé les chiffres financiers fournis aux partenaires internationaux, ce que les anciens dirigeants nient.
Maurice Soudieck Dione, professeur de sciences politiques, voit dans le retour de Sall une tentative "de maîtriser le jeu politique pour protéger ses propres intérêts" en cas de "récriminations politiques".
Il y a également une "dimension personnelle liée au fait qu'il n'a pas eu sa dose de pouvoir", a suggéré Dione, soulignant que Sall avait un temps caressé l'idée de se présenter pour un troisième mandat présidentiel.
Très respecté sur la scène internationale, Sall a vu ses dernières années au pouvoir entachées par un bras de fer politique avec Sonko, qui a entraîné des dizaines de morts et des centaines d'arrestations.
Sa décision de dernière minute de reporter l'élection présidentielle en février a ensuite déclenché l'une des pires crises que le Sénégal ait connues depuis des décennies.
La soif de changement d'une population durement éprouvée a vu le successeur de Sall, Amadou Ba, écrasé dans les urnes par Faye, l'ancien adjoint de Sonko.
Faye et Sonko avaient été libérés de prison dix jours seulement avant le scrutin.
Faye a dissous le parlement dominé par l'opposition en septembre, ouvrant la voie à des élections législatives.