Les sanctions des Nations unies contre le Mali prennent fin jeudi après que la Russie a opposé son veto au renouvellement du régime qui visait toute personne violant ou entravant l'accord de paix de 2015, empêchant l'acheminement de l'aide, commettant des violations des droits de l'homme ou recrutant des enfants soldats.
Les observateurs indépendants des sanctions de l'ONU ont signalé au Conseil de sécurité ce mois-ci que les forces de sécurité maliennes et leurs partenaires étrangers, dont le groupe paramilitaire russe Wagner, recourent à la violence contre les femmes et à d'autres "graves violations des droits de l'homme" pour répandre la terreur.
Le gouvernement malien a toujours rejeté les allégations de violences de de l'armée contre contre les populations.
Treize membres du Conseil de sécurité ont voté en faveur d'une résolution, rédigée par la France et les Émirats arabes unis, visant à prolonger d'un an les sanctions de l'ONU et la surveillance indépendante. La Russie a opposé son veto et la Chine s'est abstenue.
La Russie a alors proposé de prolonger les sanctions de l'ONU au Mali pour une dernière année, mais de mettre fin immédiatement à la surveillance indépendante. Elle a été le seul pays à voter pour, tandis que le Japon a voté contre et que les 13 autres membres se sont abstenus.
L'ambassadeur adjoint des États-Unis auprès de l'ONU, Robert Wood, a déclaré au Conseil que la Russie voulait supprimer le contrôle indépendant "pour étouffer la publication de vérités gênantes sur les actions de Wagner au Mali, qui requièrent une attention particulière".
La "paranoïa"
En réponse, l'ambassadeur adjoint de la Russie à l'ONU, Dmitry Polyanskiy, a déclaré à Reuters qu'il s'agissait de spéculations et que cela ressemblait à de la "paranoïa", ajoutant que la Russie "défendait les intérêts du pays concerné, le Mali, comme le Conseil est censé le faire".
Les États-Unis ont également accusé Wagner, qui compte environ 1 000 combattants au Mali, d'avoir organisé une demande abrupte du régime militaire pour le départ de la force de maintien de la paix de l'ONU forte de 13 000 hommes. L'opération, qui a duré dix ans, doit s'achever à la fin de l'année.
Le régime malien, qui a pris le pouvoir par des coups d'État en 2020 et 2021, lutte contre le terrorisme dans le nord du pays.
La gouvernement de transition du Mali a écrit au Conseil de sécurité de l'ONU au début du mois pour demander la levée des sanctions.
Le mandat annuel actuel du régime de sanctions de l'ONU et de la surveillance indépendante expire ce jeudi. L'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia, a clairement indiqué que la Russie ne discuterait plus de la question après les deux votes de mercredi.
Le Conseil a établi le régime de sanctions contre le Mali en 2017, ce qui lui a permis d'imposer des interdictions de voyager et des gels d'avoirs. Huit personnalités maliennes sont actuellement soumises aux mesures de sanctions de l'ONU.