La Commission éthiopienne des droits de l'Homme (EHRC) a indiqué vendredi soir que des témoins, des habitants et des familles de victimes lui avaient fait part d'"exécutions extrajudiciaires commises par les forces de sécurité gouvernementales dans différentes parties de la région", ce que la commission juge "très préoccupant".
Soutenue par l'État, mais indépendante, cette commission a ajouté que de "nombreux civils" avaient été tués et blessés et que leurs biens avaient été détruits lors d'affrontements dans l'État d'Amhara.
L'organisme a également fait état d'"arrestations arbitraires" en grand nombre , dans la région d'Amhara mais aussi dans celle d'Oromia et dans la capitale Addis-Abeba.
Dans ces régions, un nombre indéterminé de civils restent détenus, selon EHRC. Les personnes arrêtées sont généralement accusées de soutenir les milices amhara et/ou de cacher des armes.
La Commission éthiopienne des droits de l'Homme demande en conséquence que des "enquêtes soient menées et que les entités ayant commis des meurtres et procédé à des arrestations arbitraires rendent compte de leurs actes".
Fin août, l'ONU avait indiqué qu'au moins 183 personnes avaient été tuées depuis juillet lors d'affrontements dans l'Amhara.
Le Haut-commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU s'était dit "préoccupé par la situation des droits de l'Homme" depuis l'instauration de l'état d'urgence début août, faisant notamment état d'informations sur des "arrestations massives".
L'Amhara, deuxième État régional le plus peuplé d'Éthiopie, est le théâtre depuis avril de violences armées, déclenchées par la volonté du gouvernement fédéral de démanteler les "forces spéciales" amhara, des unités paramilitaires.
Le gouvernement fédéral a décrété l'état d'urgence le 4 août après de nouveaux combats début juillet entre l'armée fédérale et des combattants amhara.
Les violences en Amhara menacent d'embraser à nouveau le nord de l'Éthiopie, neuf mois seulement après un accord ayant mis fin à un conflit au Tigré, où milices et "forces spéciales" amhara ont apporté un soutien à l'armée fédérale.