Le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani devrait être réélu avec une marge confortable, selon les résultats de la commission électorale, et la proclamation officielle est attendue lundi.
Les Mauritaniens se sont rendus aux urnes samedi pour choisir entre sept candidats en lice pour diriger ce pays immense, qui a largement résisté à la vague de terrorisme dans la région et est en passe de devenir un producteur de gaz.
Après le dépouillement de tous les votes, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a déclaré que l'ancien général Ghazouani remporterait l'élection avec plus de 56 % des voix.
Il devance ainsi largement le principal leader de l'opposition, le militant des droits de l'homme Biram Dah Abeid, à qui la CENI prédit 22 % des suffrages.
Rejet des résultats
M. Abeid a déclaré dimanche qu'il ne reconnaîtrait pas les résultats de la "CENI de Ghazouani".
Nous ne reconnaîtrons que nos propres résultats et nous descendrons donc dans la rue pour refuser le décompte de la commission électorale, a-t-il déclaré.
Mais il a insisté sur le fait que leur réponse serait "pacifique", appelant l'armée et les forces de sécurité à "ne pas suivre les ordres du régime".
Certains de ses partisans ont manifesté dans la capitale, Nouakchott, brûlant des pneus et perturbant la circulation.
En fin d'après-midi, le QG de campagne de M. Abeid a été encerclé par les forces de sécurité, selon un journaliste de l'AFP. Son directeur de campagne a été arrêté, a indiqué un porte-parole.
La présence policière dans la capitale s'est considérablement renforcée plus tard dans la soirée.
Observateurs de l'UA et de l'UE
L'autre principal rival de M. Ghazouani, Hamadi Ould Sid' El Moctar, qui dirige le parti islamiste Tewassoul, est arrivé en troisième position avec 12,76 % des voix, selon la CENI.
Il a déclaré qu'il "resterait attentif" à toute violation des règles de vote.
Le taux de participation global a été estimé à 55 %.
"La situation dans le pays est sous contrôle et les citoyens peuvent vaquer à leurs occupations en toute quiétude", a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur, Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine.
Le ministère "réaffirme par la présente qu'il ne tolérera aucune action susceptible de perturber la paix et la tranquillité des citoyens et des résidents vivant dans notre pays", a-t-il ajouté.
Histoire politique
Les élections de 2019 ont conduit M. Ghazouani au pouvoir, marquant la première transition entre deux présidents élus depuis l'indépendance vis-à-vis de la France en 1960 et une série de coups d'État de 1978 à 2008.
Alors que le Sahel a connu ces dernières années une série de coups d'État militaires et une escalade du terrorisme, en particulier au Mali, la Mauritanie n'a pas connu d'attentat depuis 2011.
M. Ghazouani a fait de l'aide aux jeunes une priorité essentielle dans ce pays de 4,9 millions d'habitants, dont près des trois quarts ont moins de 35 ans.
L'opposition a fortement contesté les élections législatives de l'année dernière, qui ont été remportées par le parti de M. Ghazouani.
L'Union africaine a envoyé une équipe de 27 observateurs à court terme, tandis que l'Union européenne a envoyé trois experts électoraux.
Le gouvernement mauritanien a mis en place un organe national de surveillance des élections, que l'opposition a qualifié d'outil de manipulation du scrutin.