Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme (HCDH), Volker Türk, a rencontré le Président de la Transition burkinabè, le Capitaine Ibrahim Traoré, ce jeudi 21 mars. Lors de cette audience, M. Türk a exprimé sa solidarité envers le Burkina Faso face à la situation sécuritaire complexe que traverse le pays.
"La situation sécuritaire est plus qu'alarmante, une grande partie du pays est terrorisée par des groupes armés", a déclaré à la presse M. Türk à l'issue de sa rencontre avec le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en septembre 2022.
"En 2023, mon bureau a documenté 1.335 violations et a bus des droits humains et du droit humanitaire, avec au moins 3.800 victimes civiles. Les groupes armés sont responsables de la grande majorité des violations commises contre les civils", a-t-il ajouté. "Une telle violence gratuite doit cesser et les auteurs doivent répondre de leurs actes".
M. Türk a dit comprendre "parfaitement les graves défis auxquels sont confrontées les forces de défense et de sécurité au Burkina Faso, et je suis encouragé par les déclarations selon lesquelles des mesures sont prises pour veiller à ce que leur comportement soit pleinement conforme au droit internat ional humanitaire et au droit international des droits de l'Homme".
Solidarité avec le peuple burkinabè
Il a affirmé être "reconnaissant de ces assurances qui arrivent en même temps que des rapports faisant état de violations graves commises par les forces de sécurité et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP, supplétifs de l'armée), qui doivent faire l'objet d'enquêtes approfondies et de mesures correctives".
"Dans le contexte de la transition au Burkina Faso", il a jugé essentiel "de créer un environnement favorable aux acteurs de la société civile et d'écouter les points de vue divergents, afin que chac un puisse exercer ses droits humains sans crainte de représailles".
Plusieurs personnalités burkinabè ayant exprimé une voix discordante de celle du régime ont récemment été arrêtées ou enlevées.
Sur la plan humanitaire, "la souffrance de millions de Burkinabè est déchirante", a estimé le Haut commissaire. "Il y a 2,3 millions de personnes qui sont en insécurité alimentaire, plus de deux millions de personnes déplacées internes, ainsi que 800.000 enfants non scolarisés", selon lui.
"Au total, 6,3 millions de personnes sur une population de 20 millions sont dans le besoin d'as sistance humanitaire, pourtant, cette question a disparu de l'agenda international et les ressources mises à disposition sont totalement insuffisantes pour répondre a l'ampleur des besoins des populations", a-t-il affirmé.
Le Burkina Faso est confronté depuis 2015 à des violences jihadistes attribuées à des mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique, ainsi qu'aux représailles attribuées aux forces armées et leurs supplétifs, qui ont fait près de 20.000 morts.