Signature du partenariat public privé en vue de la construction  du barrage hydroélectrique de Kikot/ TRTAFRIKA

Par Jean Charles Biyo’o Ella

C’est un ouvrage d’une capacité de 500 mégawatts construit sur le plus grand fleuve du Cameroun, la Sanaga. Le barrage hydroélectrique de Kikot est la 11ᵉ infrastructure hydroélectrique à réaliser depuis 1953 par ce pays, poumon économique d’Afrique Centrale. C’est aussi le deuxième projet après la centrale électrique de Natchtigal, censée produire 420 MW dans le cadre des 5000 mégawatts projetés par le Cameroun, dans sa stratégie Nationale de développement (SND-30).

Mais depuis l’annonce du projet de Kikot d’un montant estimé à 650 milliards de FCFA, et dont les premiers coups de pelles seront donnés en 2025, les questions se multiplient au sein de l’opinion camerounaise. A quoi sert ce nouveau barrage ?

Déficit énergétique

Le 25 septembre 2023, face à la presse, le ministre camerounais de l’eau et de l’énergie a voulu couper court aux interrogations autour de la construction de ce nouveau barrage. Pour Gaston Eloundou Essomba '' en 2030, le barrage de Nachtigal sera certes fonctionnel, mais le Cameroun fera face à un déséquilibre entre l’offre et la demande ''.

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Pour lui, les prévisions faites par le gouvernement ont montré qu’à l’horizon 2030, il sera davantage difficile de satisfaire les besoins des ménages et des industries en énergie. '' Il fallait donc penser un nouvel ouvrage '', d’où la naissance du barrage de Kikot, fruit d’un partenariat public-privé.

Le Cameroun, malgré la densité de son réseau hydraulique, vit au rythme des délestages permanents. Yaoundé, la capitale, fonctionne, depuis plus de cinq ans, au régime de rationnement énergétique. Lorsqu’une partie de la ville est éclairée, l’autre est dans l’obscurité. Durant les weekends, généralement consacrés aux travaux d’entretien du réseau électrique, l’activité économique fonctionne au ralenti.

Boutiques, poissonneries, salon de coiffure et autres petites activités du secteur informel restent fermés. Les grandes sociétés et industries sont obligées de tourner aux générateurs.

En 2020, plus de 36% de la population camerounaise n’avait pas accès à l’électricité, selon les données d’Eneo, l’entreprise en charge de la distribution de l’énergie sur le territoire national, soit une demande nationale de 1379 MW en 2021, pour une offre de 1047 de MW. Toute chose pouvant justifier la faible industrialisation d’après l’économiste camerounais Christian Lemanga.

'' Les entreprises industrielles, dans leur production, utilisent beaucoup d’énergie électrique comme facteur de production" . Et lorsque cette denrée est rare, souligne l’expert, '' l’on assiste à une augmentation du prix de l’énergie qui entraine une hausse des couts de production, et la baisse de la compétitivité ''.

La solution de l’État

Si le gouvernement veut booster l’industrialisation du pays, croit savoir l’expert, il '' doit s’assurer d’avoir une bonne offre énergétique. Celle-ci permet aux entreprises industrielles d’avoir cette matière première à un bon prix, et de maitriser le coût de production et, enfin, pouvoir produire à des prix compétitifs sur le plan international '', analyse-t-il.

Classé au 24ᵉ rang dans la liste de la BAD des pays industrialisés d’Afrique en 2021, le Cameroun, a engagé plusieurs projets structurants dont la construction des barrages. L’objectif est de se positionner d'ici à 20230 comme grand exportateur d’énergies auprès des pays voisins, notamment le Tchad, avec qui, le Cameroun est déjà en contrat de livraison.

'' L’interconnexion va bientôt démarrer. Dans un premier temps, nous allons leur livrer 150 mégawatts '', a confié le ministre de l’eau et de l’énergie, le 25 septembre, lors du lancement, de la KHPC, la société qui sera chargée de la construction de l’aménagement hydroélectrique de Kikot.

TRT Afrika