La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a demandé au Burkina Faso, au Mali et au Niger de renoncer à leur récente décision de se retirer de l'organisation.
Le président de la Commission de la CEDEAO, Omar Touray, a déclaré samedi que si les pays se retiraient du bloc régional, il y aurait "des implications politiques, sociales, économiques, financières et institutionnelles pour les trois pays ainsi que pour la CEDEAO en tant que région".
M. Touray s'est exprimé à l'issue du sommet extraordinaire de la Communauté à son siège Abuja, la capitale du Nigeria, afin d'examiner les " évolutions urgentes " dans la région et la situation politique au Burkina Faso, au Mali et au Niger.
M. Touray a donné l'exemple de la lutte contre le terrorisme, estimant que le trio de pays serait confronté à de sérieux défis s'il quittait la CEDEAO.
La coopération en matière de sécurité
"Dans le cadre de la coopération régionale contre le terrorisme, l'extrémisme violent et le crime organisé, les trois pays ont bénéficié d'environ 100 millions de dollars mobilisés dans le contexte du plan d'action de la CEDEAO contre le terrorisme", a déclaré M. Touray.
"En outre, une partie des fonds, environ 7,5 millions de dollars, est allouée pour aider les trois pays à acquérir l'équipement nécessaire à leur lutte contre le terrorisme".
"Le retrait affectera la coopération en matière de sécurité en termes d'échange de renseignements et de participation aux initiatives régionales de lutte contre le terrorisme".
M. Touray a ajouté que le Burkina Faso, le Mali et le Niger pourraient souffrir d'un isolement diplomatique s'ils quittaient le bloc régional.
Obtenir des visas
"L'autorité reconnaît que le retrait affectera automatiquement le statut d'immigration des citoyens, puisqu'ils pourraient être obligés d'obtenir des visas pour voyager dans la région", a-t-il déclaré.
"Les citoyens pourraient ne plus être en mesure de résider ou de créer des entreprises dans le cadre de l'accord de la CEDEAO et pourraient être soumis à diverses lois nationales", a ajouté M. Touray, précisant que les trois pays pourraient perdre le marché relativement important de la CEDEAO.
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger représentent un peu plus de 17 % de la population de la CEDEAO, qui s'élève à 425 millions de personnes.
En annonçant leur intention de quitter la CEDEAO à la fin du mois de janvier, les trois pays ont déclaré que le bloc régional les avait visés par des sanctions financières et commerciales inhumaines.
Promouvoir l'unité régionale
Samedi, la CEDEAO a annoncé qu'elle avait levé les sanctions contre la Guinée, le Mali et le Niger. Le statut des sanctions imposées au Burkina Faso n'a pas été précisé dans l'immédiat.
M. Touray a déclaré que la levée des sanctions contre la Guinée, le Mali et le Niger visait à "promouvoir l'unité et la sécurité régionales", ainsi qu'à "promouvoir le commerce et les avantages découlant de plusieurs projets et programmes régionaux, y compris la réserve régionale de sécurité alimentaire".
La CEDEAO s'est déclarée prête à dialoguer avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger pour parvenir à un compromis.
Les trois pays ont formellement soumis leurs avis de retrait aux autorités de la CEDEAO.
Entrée en vigueur dans un an
Il n'est pas certain que le Burkina Faso, le Mali et le Niger reviennent sur leur décision commune après que la CEDEAO a levé les sanctions à l'encontre de certains d'entre eux.
Leur retrait prévu de la CEDEAO prendrait effet dans un an, à partir de janvier 2024, conformément aux textes du bloc régional.