L'ancien chef d'état-major de l'armée guinéenne et ex-numéro deux du régime, général Sadiba Koulibaly, est mort en détention des suites probables d'un traumatisme psychologique et d'un "stress prolongé", a annoncé la justice militaire mercredi.
L'un de ses avocats, Me Mory Doumbouya, a mis en doute les causes naturelles du décès.
Le général Sadiba Koulibaly, second du général Mamadi Doumbouya lors du coup d'Etat de septembre 2021, avait été condamné le 14 juin à cinq ans de prison ferme pour désertion et détention illégale d'armes par un tribunal militaire.
Il est décédé le 24 juin, a annoncé le parquet militaire dans un communiqué qui suggère qu'il avait auparavant été transféré à l'hôpital.
"Il était bien portant et serein"
L'autopsie ordonnée par la justice militaire à l'hôpital Ignace-Deen de Conakry indique que "le décès pourrait être imputable à un psycho-traumatisme important et un stress prolongé" qui ont causé un arrêt cardiaque, dit le communiqué.
"On peut croire à tout sauf à une mort naturelle", a confié à l'AFP Me Mory Doumbouya. Son client était "bien portant et serein" et ne s'est jamais plaint d'un quelconque mal après son arrestation début juin et pendant son procès, a-t-il ajouté.
Depuis son procès, Sadiba Koulibaly a été détenu en un lieu secret hors du système carcéral légal, selon l'avocat.
"Nous avons essayé d'entrer en contact avec lui, les autorités n'ont pas accepté. On a tout fait pour le localiser, ils ont refusé", poursuit-il.
Les défenseurs de Sadiba Koulibaly avaient dénoncé son procès en criant à la machination.
Son décès survient dans une période de forte crispation intérieure. L'opposition dénonce un exercice du pouvoir autoritaire et solitaire de la part du général Mamadi Doumbouya, aujourd'hui investi président.
Horizon incertain
La junte s'était engagée sous la pression internationale à rétrocéder le pouvoir à des civils élus d'ici à fin 2024, mais ce transfert est à présent repoussé à un horizon incertain.
Après le putsch de 2021, le général Koulibaly avait été nommé chef d'état-major de l'armée, poste qu'il a occupé jusqu'en mai 2023.
Devenu ensuite chargé d'affaires à l'ambassade à Cuba, il était rentré en Guinée en mai afin selon lui de réclamer le paiement des salaires des personnels de la mission diplomatique.
Il a été arrêté le 4 juin au motif que sa hiérarchie n'avait pas autorisé son voyage et qu'il avait abandonné son poste. Des armes ont été saisies chez lui, selon l'accusation.