Par Jean-Rovys Dabany
Le nouvel homme fort du Gabon s’appelle Brice Clothaire Oligui Nguema. Fils d’un officier de l’armée gabonaise. C’est lui qui a été désigné, mercredi 30 août, ''président de la transition'' par les militaires qui ne précisent par la durée de la transition de l'armée au pouvoir.
À la tête depuis avril 2020 de la très contrainte et toute-puissante unité d’élite et garde prétorienne de la présidence, une force de 2500 hommes bien formés et équipés, il est l’un des piliers de la machine sécuritaire du système Bongo.
Sorti de l’Académie royale militaire de Meknès (Maroc), ayant choisi la garde républicaine sous le régime d’Omar Bongo, il devient à son retour du royaume chérifien l’un des aides de camp de l’ancien chef d’État Omar Bongo jusqu’à sa mort en 2009.
En 2009, après une élection fortement contestée par l’opposition et remportée par Ali Bongo, Brice Oligui Nguema est nommé attaché militaire du Gabon, d’abord au Maroc et ensuite au Sénégal. Une nomination qui sonne à ses oreilles comme un exile pour l’écarter de l’appareil sécuritaire du pays.
Alors Colonel, il est revenu au Gabon en 2019, un an après l’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) d’Ali Bongo et devient le patron de la Direction Générale des Services Spéciaux (DGSS), services de renseignements de la garde républicaine, avant d’être désigné commandant de cette force, très connue sous l’appellation de la '' GR '', une unité qu’il va ensuite moderniser dans le but de renforcer la sécurité et la protection d’Ali Bongo.
Originaire de la province du Haut-Ogooué dont est issu également Ali Bongo, le général Brice Oligui Nguema est entouré d’une trentaine de soldats d’élites, des tireurs de précisions appartenant à la Section des Interventions Spéciales (SIS) qu’il a lui-même créée pour assurer la sécurité du président Ali Bongo qu’il dit ''défendre avec honneur et fidélité ''.
Un an avant l’élection présidentielle, Brice Oligui Nguema était devenu omniprésent. Une façon, d’après certains analystes, de soigner son image. Beaucoup d’observateurs de la vie politique locale ne sont d’ailleurs pas surpris de sa désignation en tant de ''président de la transition ''. Il connaît bien le système. On peut donc lui accorder le bénéfice du doute '', estime un politologue gabonais qui souhaite rester anonyme.
Dans une vidéo devenue virale, le nouvel homme fort du pays a été acclamé par des centaines de militaires à Libreville dans l’enceinte du palais présidentiel. Une ferveur qui a gagné les rues de la capitale où des militaires en treillis ont été ovationnés lors de leur passage dans leurs blindés.
Dans un communiqué, le troisième de la journée de mercredi, les nouveaux ''maîtres'' du Gabon ont appelé les populations ''à vaquer à leurs occupations de 6h à 19h ''. Le couvre-feu instauré depuis samedi 26 août après le scrutin est toujours en vigueur sur l’ensemble du territoire national.
À 18h avant le début du couvre-feu, le correspondant local de TRT AfriKa avait remarqué la présence des éléments de la garde républicaine dans des points névralgiques de la capitale.
Ce jeudi 31 août, la circulation avait repris normalement et les commerces ont ouvert. Plusieurs personnes attendaient des taxis pour se rendre à leurs lieux de travail.