Les tensions sont restées vives au Sénégal après que de nouveaux affrontements ont porté à 15 le nombre de morts depuis qu'un tribunal a condamné l'opposant, Ousmane Sonko, le 1 juin.
Les déboires judiciaires de M. Sonko ont provoqué de rares flambées de violence qui se sont poursuivies samedi au Sénégal, habituellement un exemple de stabilité en Afrique de l'Ouest, et la communauté internationale, dont la CEDEAO, L'UNion Africaine et l'ONU, a appelé à un retour au calme.
Sonko, un ancien inspecteur des impôts âgé de 48 ans, a d'abord été accusé de viol, mais il a été reconnu coupable d'une accusation moins grave de "corruption de jeunesse (morale)" d'une jeune masseuse et condamné à deux ans de prison.
Il affirme que les accusations portées contre lui étaient une tentative du gouvernement de torpiller sa carrière politique avant l'élection présidentielle de l'année prochaine. Sa condamnation pourrait l'écarter de la course à l'élection de 2024.
Des affrontements entre les partisans de Sonko et la police ont éclaté après la décision jeudi, faisant neuf morts. Des magasins et des entreprises ont été saccagés.
L'armée a été déployée dans les rues, mais de nouvelles échauffourées ont éclaté vendredi soir dans certains quartiers de la capitale, Dakar, et à Ziguinchor. Elles ont fait six autres morts, selon le porte-parole du gouvernement, Maham Katol.
Le gouvernement a reconnu avoir restreint l'accès aux réseaux sociaux tels que Facebook, WhatsApp et Twitter afin d'empêcher "la diffusion de messages haineux et subversifs".
L'Union africaine et l'Afrique de l'Ouest appellent à la retenue
L'Union africaine (UA) et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont condamné les violences actuelles.
Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a condamné "fermement" les violences dans une déclaration.
"De tels actes ternissent l'image de la démocratie sénégalaise, dont l'Afrique a toujours été fière", a déclaré M. Faki, exhortant tous les acteurs politiques à faire preuve de retenue et de dialogue.
L'UA a exhorté les autorités sénégalaises à respecter le droit de manifester pacifiquement.
La CEDEAO a déploré les pertes en vies humaines et a appelé "à la retenue et au règlement des différends par des moyens pacifiques".
"La CEDEAO condamne fermement les violences qui ont visé les forces de sécurité, les biens publics et privés et qui ont troublé l'ordre public", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Vendredi, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a condamné les violences et "exhorté toutes les personnes impliquées à faire preuve de retenue".
L'Union européenne et la France, ancienne puissance coloniale du Sénégal, ont également exprimé leur inquiétude face à ces violences.
Sonko, qui a été jugé par contumace, n'a pas encore été placé en détention pour purger sa peine de prison, ce qui devrait provoquer de nouvelles tensions.
Il se trouverait à son domicile de Dakar, où il est bloqué par les forces de sécurité depuis le week-end. Il affirme être "détenu illégalement".