Les demandes de réparation des pays africains à l'égard de leurs anciens colonisateurs sont revenues à l'ordre du jour avec la demande formulé en ce sens par Sao Tomé à l'égard du Portugal.
Les pays africains ont multiplié les demandes de reconnaissance et de réparation pour les injustices du passé.
Pendant plus de 4 siècles, les pays européens ont déraciné plus de 12,5 millions d'Africains pour les vendre comme esclaves. Les Africains amenés sur le continent américain, comme le Brésil et les Caraïbes, ont été contraints de travailler pour les colons européens dans des conditions très éloignées des droits de l'homme les plus fondamentaux.
Sao Tomé a annoncé la semaine dernière qu'elle demanderait au Portugal une réparation pour les dommages causés par la colonisation.
A Sao Tomé, l'un des pays les plus pauvres d'Afrique, comme d’autres colonies, le Portugal, qui a soumis des milliers de personnes, entre 1486 et 1975, à l'esclavage, la dépossession ou le déplacement, a fait savoir qu'il pourrait verser une réparation.
Après que le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa a déclaré, le 23 avril, que son pays était responsable de la traite transatlantique des esclaves et des crimes commis pendant la période coloniale et que des réparations devaient être versées, Sao Tomé a annoncé son intention de réclamer réparation.
Le Portugal, qui a colonisé de l'Angola, au Cap-Vert, de la Guinée-Bissau à la Mozambique, s'est rendu coupable de dépossession et de destruction culturelle.
Environ 6 millions d'Africains ont été déracinés et envoyés de force à travers l'Atlantique sur des navires portugais et vendus comme esclaves dans de nombreux pays, dont le Brésil.
En Haïti, des organisations de la société civile demandent à la France de rembourser les milliards de dollars de dédommagement qu'elle a reçus "en échange de la reconnaissance de son indépendance".
Haïti a été le premier pays de la région à obtenir son indépendance en 1804 après 300 ans de colonisation. La France, qui a reconnu Haïti en 1825 après la déclaration d'indépendance, a contraint ce pays à payer de lourdes compensations, versées annuellement jusqu'en 1947, à titre de manque à gagner après l'indépendance.
L'Allemagne a reconnu le génocide
En 2021, l'Allemagne a accepté de verser à la Namibie 1,1 milliard d'euros pour le génocide qu'elle y a commis.
Entre 1904 et 1908, alors que la Namibie était l'une des colonies allemandes de l'Afrique du sud-ouest, des dizaines de milliers de personnes ont été tuées pour réprimer les rébellions des deux plus grandes communautés du pays, les Herero et les Nama.
On estime que près de la moitié des 65 à 80 000 Herero et des 20 000 Nama vivant dans la région sont morts.
Le gouvernement militaire du Niger, qui a pris le pouvoir le 26 juillet 2023, demande à la France de lui verser des indemnités "pour plus d'un siècle de colonisation et de pillage de ses ressources naturelles".
Les autorités du pays affirment que toutes les données d'archives sur l'histoire récente de l'Afrique seront examinées et qu'un programme détaillé sera élaboré pour faire payer à la France toutes les dettes accumulées à l'égard du Niger.
Alors que les demandes d'indemnisation constituent un vaste programme pour les pays africains, les pays européens affichent des attitudes différentes sur cette question.
Dans ce cadre, le Royaume-Uni s'abstient de prendre des mesures dans ce domaine, la France, l'Allemagne et les Pays-Bas semblent assumer la responsabilité des crimes commis pendant la période coloniale.
Lors d'un sommet au Ghana en 2023, les pays d'Afrique et des Caraïbes ont lancé un mouvement mondial visant à obtenir des réparations pour l'esclavage, l'Union africaine s'associant aux pays des Caraïbes pour former un "front uni" afin de contraindre les pays européens de payer pour les "crimes de masse historiques".
Le partenariat entre les 55 membres de l'Union africaine et les 20 pays de la Communauté des Caraïbes (Caricom), vise à accroître la pression sur les anciens pays propriétaires d'esclaves pour qu'ils se joignent au mouvement de réparation
Dans ce contexte, il a été annoncé que les pays africains étudieraient "les possibilités d’action" et travailleraient avec les Nations unies pour déterminer "si l'esclavage des Africains constituait des violations graves des droits de l'homme au moment où elles ont été commises".