La réunion de quatre jours des chefs d'état-major de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) s'est achevée vendredi à Abuja, la capitale nigériane, afin d’envisager une éventuelle intervention au Niger.
"L'option militaire est le dernier recours", a déclaré le commissaire de la Cédéao chargé des affaires politiques et de la sécurité.
''Mais nous devons nous préparer à cette option", a tenu à clarifier Abdel-Fatau Mausah à l'ouverture de la réunion, allusion faite au principe d’intervention militaire au Niger pour rétablir le président déposé par l’armée.
A Niamey, la junte refuse de céder "à toute menace d'où qu'elle vienne". Le chef des putschistes, le général Abderahmane Tiani, lors d'une allocation à la télévision nigérienne, a refusé "toute ingérence dans les affaires intérieures du Niger".
Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), qui dirige le Niger depuis le 26 juillet dernier, a menacé jeudi de répondre immédiatement à "une agression" militaire de la CEDEAO.
Les nouveaux maîtres du Niger ont, du reste, reçu le soutien du Mali et du Burkina Faso. Les deux pays du Sahel ont prévenu qu'une intervention armée au Niger serait considérée comme une "déclaration de guerre" à eux tous. Ce qui entraînerait de facto leur retrait de la Cédéao.
La Cédéao est ferme
La tension est perceptible. Des manifestations de soutien au CNSP se multiplient à Niamey. La France et l'Italie ont achevé l'évacuation de la plupart de leurs ressortissants du Niger, alors que beaucoup se demandent jusqu'où pourra aller la Cédéao, dans ce qui ressemble à un bras de fer avec le Niger. M. Bola Tinubu le nouveau président du Nigéria et actuel président de la Cédéao veut donner une nouvelle impulsion à cette organisation sous-régionale.
Lors de son discours d'investiture, il s'était clairement prononcé contre tout coup d'État en Afrique de l'Ouest. Le "cas nigérien" a valeur de test pour M. Bola Tinubu et la Cédéao.
Déjà très sollicitée sur le plan intérieur du fait de l'insécurité et de l'insurrection du groupe armé Boko Haram dans le Nord, l'armée nigériane devrait être "en première ligne" en cas d'intervention militaire de la Cédéao.
La Cédéao a une longue tradition d'intervention militaire dans la sous-région. Elle s'est souvent illustrée soit pour restaurer la paix ou alors rétablir l'ordre constitutionnel.
On se souvient que c'est au Liberia que les "casques blancs" sont intervenus pour la première fois en 1990 pour mettre fin à la guerre civile. S'ensuivront des opérations en Sierra Leone en 1997, en Côte d'Ivoire et en Guinée-Bissau en 1999. La dernière ingérence remonte à 2017, lorsqu'il a fallu faire partir l'ancien président Yahya Jammeh qui, après sa défaite, refusait de céder le fauteuil à M. Adama Barrow.
Sur un autre plan, la Cédéao a dépêché à Niamey une équipe de médiateurs dirigée par l'ancien président nigérian Abdulsalami Abubakar. La Cédéao, déjà en délicatesse avec trois de ses membres (la Guinée, le Mali et le Burkina Faso) est dans le dilemme : Privilégier la voie du dialogue pour sortir le Niger de cette crise ou faire valoir la force pour tenter de déloger les militaires du Palais à Niamey avec les conséquences qu'une intervention pourrait engendrer sur le plan humanitaire et en termes de bilans humain et matériel