Par Mazhun Idris
Cette année restera dans le paysage politique africain comme une année mitigée. Sur plus d'une douzaine de pays devant organiser des élections présidentielles entre janvier et décembre 2023, huit ont voté. Cependant, les militaires ont immédiatement chassé le gouvernement élu du Gabon, et la Sierra Leone a été secouée par l'instabilité, couronnée par un coup d'État manqué.
Cinq autres pays - le Soudan, le Sud-Soudan, le Mali et le Burkina Faso - n'ont pas organisé d'élections ou ont dû les reporter.
TRT Afrika revient sur le déroulement du scrutin dans ces huit pays et sur ce qui s'en est suivi.
Le Nigeria : Un mandat décisif
Dix-huit partis ont présenté des candidats lors des élections quadriennales du 25 février dans la plus grande démocratie d'Afrique, afin de choisir un successeur au président Muhammadu Buhari, qui avait achevé ses deux mandats.

Bola Ahmed Tinubu, du parti au pouvoir, le All Progressives Congress, l'a emporté. Cependant, deux des trois candidats des principaux partis d'opposition - Atiku Abubakar du People's Democratic Party et Peter Obi du Labour Party - ont contesté les résultats devant les tribunaux.
Le 29 mai, Tinubu a été investi président lors du quatrième transfert de pouvoir civil depuis que le Nigeria a retrouvé la voie de la démocratie en 1999. Le 26 octobre, la Cour suprême du Nigeria a confirmé sa victoire.
Sierra Leone : Les turbulences de l'après-scrutin
Le 24 juin, ce pays d'Afrique de l'Ouest a connu ses cinquièmes élections depuis la fin de la guerre civile en 2002. Le président sortant, Julius Maada Bio, a obtenu 56 % des voix pour remporter un dernier mandat de cinq ans.

Samuel Kamara, du parti d'opposition All People's Congress, est arrivé en deuxième position avec 41 % des voix. Le 27 juin, la commission électorale du pays a entériné la victoire de Bio, qui n'a obtenu qu'un pour cent de plus que les 55 requis pour éviter un second tour. M. Kamara a toutefois rejeté ce résultat.
Cependant, la Sierra Leone est frappée par l'instabilité politique depuis le mois de juin, qui a culminé avec un coup d'État manqué en novembre. L'organisme régional, la CEDEAO, se rallie à Bio pour sauvegarder la démocratie.
Zimbabwe : une transition en douceur
Le 23 août, le Zimbabwe a organisé ses deuxièmes élections nationales depuis le coup d'État qui a mis fin au régime de Robert Mugabe en 2017. Le président Emmerson Mnangagwa s'est représenté après avoir achevé son premier mandat.

Représentant la ZANU-PF, le parti qui dirige le pays depuis son indépendance en 1980, Mnangagwa a remporté 52,6 % des voix, battant son adversaire Nelson Chamisa (44 %). Le 4 septembre, Mnangagwa a prêté serment. La Coalition des citoyens pour le changement de Chamisa a rejeté les sondages en les qualifiant d'"erronés", bien qu'elle n'ait pas contesté les résultats devant les tribunaux.
Gabon : Les choses s'effondrent
La famille Bongo régnait depuis 55 ans sur ce pays d'Afrique centrale riche en pétrole. Ali Bongo, le fils du patriarche Omar Bongo, s'est présenté aux élections présidentielles du 26 août et les a remportées avec 64 % des voix. Mais les choses ont commencé à se gâter dans les heures qui ont suivi. Une bande de militaires annonce à la télévision qu'elle a pris le pouvoir et place Ali en résidence surveillée.

Le 30 août, le général Brice Oligui Nguema, chef de la garde présidentielle, a été nommé nouveau chef militaire du Gabon, alors même que le coup d'État était largement condamné pour s'ajouter à la récente série de putschs militaires qui ont écourté les mandats des gouvernements élus dans plusieurs pays africains.
Le 13 novembre, sous la pression internationale, la junte a publié un calendrier de transition qui fixe la date des élections générales à août 2025. Une nouvelle constitution devrait être présentée et approuvée à cette date.
Liberia : Une icône tire sa révérence
Le 10 octobre, le Liberia a voté alors que le président sortant, George Weah, briguait un second mandat de six ans. L'ancienne icône du football est arrivée en tête au premier tour, mais n'a pas atteint le score nécessaire pour remporter une victoire directe.

Le 14 novembre, un second tour a opposé le président sortant à son plus proche rival, Joseph Boakai, ancien vice-président. Dans une démonstration de ses références démocratiques et de son respect pour le caractère sacré des élections, Weah a concédé sa défaite après que le nouveau scrutin, très contesté, ait été annoncé en faveur de Boakai.
Madagascar : Boycott et faible participation
Le 16 novembre, la nation insulaire a voté pour choisir entre le président sortant Andry Rajoelina (49) et d'autres candidats lors d'une élection largement boycottée par l'opposition. Le taux de participation a été de 46,35 %, le plus faible de l'histoire du pays.

Andry Rajoelina a obtenu 58,96 % des voix et a battu une douzaine de candidats, dont dix avaient boudé le processus, bien que leurs noms aient été inscrits sur le bulletin de vote. Le 1er décembre, la Haute Cour constitutionnelle a rejeté les diverses contestations des résultats provisoires et a confirmé le troisième mandat présidentiel de M. Rajoelina.
Égypte : le président el-Sisi réélu
Le 1er décembre, des bureaux de vote ont été ouverts dans 121 pays pour permettre à la diaspora de voter lors des élections présidentielles qui se sont tenues en Égypte entre le 10 et le 12 décembre.

Le 18 décembre, le président Abdel Fattah al-Sissi a remporté l'élection présidentielle en Egypte avec 89,6% des voix, s'assurant sans surprise un nouveau mandat de six ans, a annoncé lundi l'Autorité nationale des élections.
A la tête du pays depuis une décennie, M. Sissi débutera en avril un troisième mandat, censé être le dernier, conformément à la Constitution égyptienne.
RD Congo : Un lauréat du prix Nobel en lice
En conclusion du calendrier 2023 des élections présidentielles sur le continent, le peuple de la quatrième nation la plus peuplée d'Afrique se rendra aux urnes le 20 décembre. Le président sortant Félix Tshisekedi (60 ans) brigue un nouveau mandat.

Le Dr Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix et éminent gynécologue, figure parmi les 24 candidats de l'opposition qui se bousculent pour évincer M. Tshisekedi.